Carnaval de la Nouvelle Orléans

24 février 2014

Je vais vous inonder de photos du Carnaval de La Nouvelle Orléans.... Quelle bouffée d'oxygène!! J'en avais tant besoin!!!

Y suis allée en me faisant violence, mal de tronche et grosse fatigue, surmenage général, et me raisonnant envers et contre tout, à grand renfort de coups de pieds aux fesses, me répétant qu'il faisait enfin beau et que c'était le seul jour avant Mardi gras où je pouvais m'y rendre.... Bref c'était pas gagné.... et puis, un peu vaccinée aussi, depuis déjà déjà trois tentatives ratées....

Or en route on se pose pour prendre un café, dans un pub improbable, genre salon de thé à quelques encablures de l'autoroute. La patronne : une coréenne mariée à un ricain depuis 30 ans, nous repère de suite, nous demande d'où nous venons. Et c'est parti pour la discut'. Elle voyage par procuration depuis 30 ans sur son atlas mural : les petites punaises piquant la provenance de tous ses clients ainsi que les destinations-voyages de sa fille artiste musicienne....
Pendant qu'on sympatise, une clique de femmes hystériques parlent fort autour d'une table : Réunion Tupperware? Association de parents d'élèves? Amicale laïque? Réunion syndicale? Du tout : elles devisent sur la BIBLE of women faith.... puis, laissant sacs à mains, rouges à lèvres et autres conneries d'iphones : en cercle, debout, dehors et devant la porte : elles se mettent à brailler.... impressionnant.... On se calte ben vite, m’ont pas l’air dans leur état normal, les braves dames…

Allez vite on repart pour Nola.

Et là, l'air est doux, on arrive juste avant le premier défilé, ça sent le printemps, les arbres sont en fleurs ou en colliers.... tandis que les blancs, riches s'installent dans les tribunes devant les grands hotels, et que les noirs, pauvres, en familles nombreuses et méga-organisées, s'installent sous les ponts, sur les rails du tram, un peu partout plus haut sur St Charles Avenue. Ca rigole, ca danse, ca cuisine (barbecue), sono, parcs pour enfants, escabots pour trop petiots, la totale...

Cette ville est vraiment incroyable, elle est française, dans son joyeux bordel, et son côté vivant, elle est cosmopolite entre ses églises, et villas, ses taudis et ses buiding rutilants du quartier des affaires. Elle a quelque chose de Berlin entre vieux décati et building tout neufs, ou de Porto pour son passé, c'est une ville créole caraïbe et américano-vieille France. Les hotels de luxe jouxtent les baraques en ruine... On m'avait dit : "Ca craint le carnaval, trop de défonce, d'alcool, et de déjantés, ne viens pas avec ton môme". Ben non, la journée était familiale, cool. Facile de parler avec les papys, les parents, ou les ados qui défilent.

Et puis la parade arrive, tous les ados, lycéens, musiciens, danseuses de la ville sont là, les papy bikers aussi. On vous jette des colliers en pleine tête, moi qui n'en voulais pas, je me prends au jeu, et en compte pour mes élèves. Nous sommes aux premières loges chez la collègue qui organise le barbecue sur son balcon, on devise, on compare, on se marre. Ca manque peut-être de percus comme chez les latinos, mais les militaires en jettent, les majorettes en claquettes, les chevaux des cowboys et des indiens... Pauvres chevaux, partis au combat, transpirant de stress sous les enceintes de musiques assourdissantes, portées par des pick-up énormes.

Bref je suis comme une môme, ébahie, amusée, intriguée, épatée, j'en oublie ma migraine, mes soucis, je suis dans la fête, y a que ça de vrai! Le carnaval c'est fait pour ça : tout oublier et s'amuser...

Et le soir toute heureuse, tout en marchant, je cueille des photos de passants.... et évidemment, dans mon élan, prend deux petiots en duel avec leurs sabres en plastiques. Trop mignons. Pas de bol, le père me voit, m'alpague, un grand noir impressionnant. Bon, ben quand faut y aller: faut y aller. Alors, on parle, je lui montre que je détruis la photo numérique, que non, je n'allais rien faire sur le web avec l'image de ses enfants... Bref on s'explique, puis on se détend, on se marre, on parle du passé, de cette ville où il a grandi, de ce que c'est que d'être parent, de la langue française aussi. Ils sont tous comme ça, en fait, ici, un sourire rayonnant arrive bien vite, et c'est la joie dans les têtes. Un beau moment. Je repars. Fais graffe maintenant quand je prends une photo.... Il fait si bon, belle fin de journée avant de nouveau la pluie et le thermomètre qui joue au yoyo. La bonne copine et collègue au barbecue, jette l'éponge, ne sera plus là l'an prochain, dommage c'était la plus sympa de la bande...

Mais je suis encore sur un nuage, ça fait du bien d'avoir été de la fête.