Un chanteur peu connu aux States et en France, et pourtant....

Avoir vu Johnny star richissime, célébrissime dans l’hexagone, et faire le lien avec Sixto Rodriguez….

C’est l’histoire vraie….d’un chanteur auteur compositeur US dans les années 60, ultra pauvre. Un métisse indien-mexicain, fils d’ouvrier immigré à Détroit. Le jeune n’a rien, que son talent. Il survit de petits boulots, vit en foyer de jeunes travailleurs, et se produit le soir dans les bars malfamés de la ville de Détroit. Mais une bonne fée se penche sur lui : un soir enfumé et de beuveries, dans un pub, un producteur de disques le découvre, tombe sous le charme et décide de le lancer. Le jeune refuse de prendre un pseudo, mais enregistre deux disques, puis entame une tournée…. Qui avorte pour d’obscures raisons. Aucun disque finalement ne sera vendu…. Puis plus rien, on perd sa trace.

Mais pendant ce temps, la chanson continue son chemin. Un inconnu part en Afrique du Sud avec l’un des rares disques de Rodriguez dans sa valise. Pourquoi alors, le bouche à oreille opère-t-il là bas ? Quoi qu’il en soit, le disque fait fureur, il est recopié, vendu par centaines de mille, et tout le monde connaît l’artiste de génération en génération. Il devient une légende. On raconte qu’il se serait suicidé en scène, on dit aussi qu’il est mort trop jeune pour continuer d’écrire et enregistrer…. On dit beaucoup de choses sur lui, mais personne ne sait rien de lui. Alors, trente ans après ce premier disque, un journaliste décide de mener l’enquête. Il veut écrire la biographie de Rodriguez.

Et une autre histoire folle commence. Le journaliste Africaner découvre très vite que son enquête dérange. Où est passé l’argent des disques d’or? Comment et quand est mort l’artiste ? De fortes résistances et même des intimidations…. Et pas de réponse. Alors, le journaliste use de réseaux sociaux et lance un appel à témoins. En quelques semaines, il reçoit des réponses d’internautes, dont une éloquente. Une jeune femme lui répond qu’elle connaît parfaitement Sixto Rodriguez, puisque c’est…. son père. Un échange commence.  La jeune femme éclate de rire. Son père se porte très bien, à près de 60 ans, et n’a jamais tenté de se suicider. Il vit toujours à Détroit et y est encore et toujours maçon, depuis quarante ans.

Une nuit, le journaliste reçoit un appel téléphonique, c’est le chanteur-maçon en personne. Une longue et surréaliste discussion s’ensuit, où l’américain découvre qu’il est célèbre en Afrique, et où le fan de toujours, réalise qu’il parle à un homme qu’on croyait mort depuis quarante ans.

Une nouvelle histoire commence. Sixto accepte de venir se produire en Afrique du Sud. Il va donc naturellement trouver son employeur depuis des années, entrepreneur en bâtiment. Et lui demande un congé de deux semaines, au printemps, pour pouvoir aller chanter en Afrique du Sud. Stupeur et gros éclat du rire du patron qui croit à un canular. Mais quand le patron découvre la vérité, il est persuadé d’avoir perdu un salarié et cherche à en embaucher un autre. Sixto prend l’avion pour Johannesburg, arrive et voit une Cadillac pour lui, un hôtel de luxe, et des portraits de lui partout. Le jour de la première, des milliers de fans sont debout. L’émotion de tous est telle, que nul ne peut ni chanter ni parler, une standing ovation et applaudissements de 20 minutes éternelles sur les accords de basse…. Rien qu’à l’apparition de celui qu’on n’attendait plus. Puis il chante enfin, il fait sa tournée et reprend son avion-retour pour réintègrer tout naturellement son emploi de maçon. Pourquoi ? Parce qu’il sait que la chanson et le show-biz ne sont pas garantis à vie. Que l’essentiel est d’être libre, et vrai. Que l’argent ne lui apporte pas le bonheur. Il s’en fout. Il fait ce qu’il sent. Finalement, tous ses proches ont changé de vie depuis cette histoire, mais lui a continué comme avant, avec une petite tournée de temps en temps. Il a donné tous ses droits d’auteur à des bonnes œuvres, car il n’a pas besoin de cet argent. Il a élevé ses trois filles, leur a donné le goût du beau, l’envie de lire et de découvrir, et de continuer toujours à avoir une vie saine et physique. Il ne regrette rien. Il dit qu’il n’attendait rien du show-biz. Il savait qu’on peut plaire ou déplaire si vite. Quand on lui avait dit, aux USA, que ses disques étaient invendables, il ne s’était pas vexé outre mesure et avait continué de mener sa vie d’avant.

Bref : deux destins qui commencent dans la pauvreté. Mais deux personnalités qui n’ont pas appréhendé la vie du même côté. L'un est connu, l'autre beaucoup moins,  lequel aura vécu sa vie? Quel est le prix à payer pour sa liberté? La célébrité doit être sûrement lourde à porter, tout le monde vous connaît mais vous ne connaissez personne.  Etre condamné à s'afficher ou à se cacher... Ou les deux. Quelle prise de choux....

Y a une chanson de Rodroguez, que j'adore "I wonder" (trouvable sur Youtube) paroles renversantes.

Comments

[Nico_g77]

Depuis il a fait 2 zéniths à Paris... à 70 ans. Reste le bon documentaire "sugarman"