Robinette des bosquets

Je crois que je tiens ça de mon père : j’ai jamais pu supporter les injustices, surtout quand j’en suis témoin, que je les ai subies auparavant, et que je vois mes pairs souffrir des mêmes absurdités après moi…

Sans doute que si j’avais l’intention de faire mon trou ici, je me foutrais bien du sort des autres et ne penserais qu’à moi… Mais comme je fais ma dernière année, que je n’aiderai plus jamais aucun nouvel expat’ bientôt, et que je vois les vieilles peaux de vaches recommencer leur cirque, comme à chaque rentrée, je ne peux m’empêcher de baliser les parcours piégés. Je fais bien gaffe de ne pas en dire trop, de ne pas « trompeter », mais d’alerter en sourdine les novices, parce qu’à leur place, l’an passé j’ai vraiment aimé bénéficier de ce simple coup de pouce… Etre prévenue, afin de ne pas se faire plumer… En bref, gagner du temps et gérer sa fatigue…. Jamais admis que le dernier arrivé, se voie refourguer les miettes du gâteau, ou les poubelles des autres. Jamais. La moindre des politesses est d’au moins partager, ou d’être un petit peu solidaire, car le dernier a tout à apprendre, et bien plus de difficultés pour comprendre. La nouveauté est rafraichissante et divertissante, mais éprouvante… Alors, éprouver davantage le nouveau est juste cruel, ou jouissif pour celui qui, du fond de sa médiocrité a besoin d’asseoir son petit pouvoir, et rabaisser l’autre pour se grandir… le malheur des uns fait le bonheur des autres. Et c'est pas cadien du tout ça.