Rio Grande à Taos…
De bon matin, fouler la poudreuse.
Suivre les traces animales : oiseaux, lièvres, lapins de garenne, chevreuils…
On m’a dit qu’il y avait aussi des couguars, des cerfs, des bouquetins, des coyotes, des lynx et des ours. Pas vu leurs traces…
Nul promeneur. N’aurai croisé au final qu’un garenne affolé. Le soleil cogne mais il gèle encore à pierre fendre.
Impressionnante plaine désertique : pas une colline, pas un rocher, pas de bosquet ni même un arbre isolé. Rien. Que des buissons bas, des bouquets de lavande sauvage, un peu d’herbe sèche. Dans cette plaine, entre montagnes enneigées et rift, je marche seule. C’est très beau, même si la ballade semble longue, tant le paysage reste inchangé sur de longues distances… Je vais voir la falaise : fracture dans la platitude désertique. Les gorges : canyon très masculin, imposant. Falaises inquiétantes. Pas une seule trace de végétal, que de la roche sombre. Un désert, vertical, qui déchire profondément l’autre désert horizontal. Frontière infranchissable. Gouffre-prison. Parois de centaines de mètres de haut. C’est une sorte d’enfer. Tu y tombes et n’en réchappes pas. Et tout au fond, coule une toute petite rivière étroite et tranquille : le Rio Grande… Mouais… le péquinio rio, plutôt. De si hautes falaises, un rift énorme pour un si petit ruisseau… Ya du gâchis de matière… Le petit, il ne risque pas de sortir de son lit. Les crues peuvent se ramener. Aucun danger !
Je repars, mais mets du temps à finir la boucle, mes pieds s’enfoncent dans la neige, me faudrait des raquettes…ne suis pas un garenne…
Et tout sifllotant Jean Ferrat...
♫"Pourtant que la montagne est belle.... Comment peut-on s'imaginer...."♫