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louisianecheznousautres
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18 janvier 2015

Eunice et jam du samedi

Il fait un temps superbe, je pars tôt.

D’abord d’immenses plaines de rizières et pièges à écrevisses. L’horizon est une ligne horizontale infinie. Le bleu du ciel se reflète dans l’eau du riz. Une raffinerie au loin.  Démographie faible, soleil et douceur. Un répit dans l’hiver ou les prémices du printemps avant le carnaval ? Puis quelques forêts les pieds dans l’eau. La lumière est belle, des fleurs de lys en décoration dans les jardins, on est en pays cajun. Tout est écrit en français : « tee bois », « la belle venue » « le village ». C’est samedi matin, je vais à Eunice. Ville au nord de Lafayette, très cadienne, et où se trouve « Savoie-Musique », un vendeur et fabriquant d’accordéons célèbres et autres instruments de musique. Le lieu est resté tel quel depuis sûrement 40 ans. C’est vieux, poussiéreux, et complètement démodé, les infos et pubs sont écrites à la main. Mais alors, quelle ambiance ! Un jam du feu de dieu, un public serré pour écouter et au vieux comptoir de la boutique : café et gâteaux à volonté. Je m’installe au milieu de la quinzaine de musiciens, des papys en cote de travail et chaussons, ou des jeunes, très jeunes même, un piano (chose rare) et un jeune homme aveugle au clavier, qui vient depuis l’âge de 9 ans. Pas un seul noir... pourtant les mobil home tout près sont habités par des créoles... Entre cajuns et zaidéco, le mariage n'est pas encore consommé. Je m’assois entre une violoniste de New York (décidément, c’est récurrent) et deux dames cajuns et guitaristes. Le courant passe tout de suite. Entre deux chansons, on sympathise, on rigole. Au bout de deux heures de folie, où mes doigts chauffent, elles m’invitent à manger le gombo. Cadiens, adorables et généreux. On mange donc ensemble, à une excellente table de Eunice tout en faisant connaissance. Elles sont en retraite depuis peu, d’infirmières libérales, en zone rurale. Elles ont donc dû, toute leur carrière, reparler français aux vieux cajuns qu’elles soignaient. Car, certains ne comprenaient même pas l’anglais. Elles n’auraient jamais pensé reparler cette langue de leur prime enfance, et qu’elles partagèrent avec leurs grands-parents. Elles ont toutes deux voyagé, au moins une ou deux fois en France. Elles ont adoré. Surtout nos cathédrales. Et puis à 50 balais et des brouettes, elles ont appris la guitare. Pendant que leurs maris chassent ou jouent au golf... Et puis de toute façon, ici, on danse, on joue, on chante comme on respire. Alors continuer d’apprendre la musique, c’est continuer de vivre. Sont étonnants. Anna me pose THE Question : « Pourquoi des français n’arrivent pas à s’adapter à la culture américaine ? »… Après réflexion, je lui réponds : « Les Américains, vivent pour travailler, nous, nous travaillons pour vivre ». « C’est comme nous, alors ! », me dit-elle en rigolant. C’est pourtant vrai qu’on a des points communs. Ma question à moi ce fut « N’avez-vous pas peur que la culture s’éteigne avec les jeunes qui ne parlent plus cajun-french ? » Réponse directe et assurée : « Pas du tout, la musique et la cuisine continuent de plus belle, et puis le Codofil permet de continuer la langue, et les paroles des chansons sont quand même françaises ».Et puis à la sortie du restau, pas moyen de payer ma note, elle n’a jamais voulu, et sa collègue non plus pour le café en terrasse dans le down town. Bon le café n’était pas top, il m’est resté sur l’estomac tout l’après-midi, mais c’était tellement chouette de parler avec elles. Et puis une brochette de touristes Toulousains est passée par là. Ils nous avaient entendues jouer dans le jam, alors la discut’ a continué de plus belle. Bien belle journée, que j’ai terminée en courant dans les bois de Chicot State Park à quelques miles de là. Et au retour : c’est marrant, cette route, au nord de Lafayette, mais toujours en plein cœur du pays cajun… Y a des forêts et des étangs partout…. Je me serais vraiment crue en Haute-Saône, sur la route des Mille Etangs… Y a même des collinettes, pas aussi plat qu’au sud en fait… Et vraiment très sympa.

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Le gombo : riz, légumes, morceaux de saucisses dans une sorte de soupe ou de ragout un peu pimenté.

Apparemment chaque musicien a sa place habituelle dans le magasin. Rigolo, un très vieux violoniste, rescapé du cancer, sourd comme un pot jouait quand même. Comme quoi...

 

 

Et c'est à Eunice qu'il y a le vrai carnaval d'antan "le courir" à mardi gras, où on chasse le poulet dans les rues, et on passe de maisons en maisons, en déguisement tradi à chapeau pointu, (pour se moquer des grandes dames riches du Moyen Age), mais où on boit surtout énormément...

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Commentaires
C
ici le soleil montre le but de son nez ! Enfin et cette belle page de vie à Eunice et son carnaval m'a redonné la pêche pour la journée!!<br /> <br /> Quelle bonne ambiance chez les Cajuns! Profite bien de ces précieux instants que tu regretteras au retour dans ton pays natal!<br /> <br /> Embrasse les tous de la part de ta vieille Maman
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