blabla cajun...

On a cherché longtemps…. Avant de trouver enfin, quel était ce fruit dont les cajuns faisaient un vin… le seul ici. La « m’raise »…. Minuscule baie…. Puis enfin, illumination !!!! Sans l’accent, ça donne la « meraise » ou plutôt la merise ! Donc outre les « plaquemines » ou kakis, il y avait des merisiers, des poiriers, des mûres de ronciers. Ces fruits qu’on consommait ici. Puis, je me suis bien demandée pourquoi un « jumeau » en cajun se dit un « besson »…. Toujours pas trouvé. Et puis on a parlé de la Seconde Guerre Mondiale. Je n’avais jamais réalisé…. Je pensais que les soldats américains, venus nous libérer, étaient des volontaires. Pas du tout ! Ils ont tous dû partir ! Des appelés. Service militaire obligatoire, guerre pour tous ! Mais ce qui semble vraiment touchant, c’est que les cajuns, eux, devançaient l’appel. Comme ce père du copain, qui, bachelier à 16 ans, s’engage dans la marine, pour partir plus tôt en Europe, à l’âge de 17 ans… Il fera le débarquement en Normandie avec son frère, puis l’Afrique du Nord et l’Italie. (Son autre frère est mort à 22 ans, irradié par les essais nuclaires à Bikini. L'armée ne reconnaîtra jamais ses tords : diagnostique officiel : tuberculose.) La Normandie est vraiment célèbre ici, enfin « icite » comme ils disent. Maintenant, enfin « à c’te heure », ils sont nombreux à avoir continué dans l’armée, à avoir été en poste en Allemagne pendant les années de la Guerre Froide, et certains même dans le nord de la France. Mais tous disent avoir été les héros de l’armée US, pour avoir su parler français. Et même, beaucoup disent en rigolant « Pour les soldats, j’étais le maître : à pouvoir commander du whisky, demander ma route ou emballer les filles avec mon français!!! » Partaient-ils si jeunes, par amour pour la France ? L’envie de voyage, eux qui vivaient dans la misère ? Envie de revanche, pour avoir été pris pour des ploucs par les amerlocs, et chercher à se hisser dans la société ? De toute façon, ils n’avaient pas le choix et le service civique n’existait pas. C’était sûrement un peu de tout. Mais ils ont été courageux, tous ces ricains : à venir se battre, loin de chez eux, pour des enjeux qui ne les touchaient pas vraiment directement. En tout cas, il est certain qu’au retour de cette guerre, les cajuns avaient changé. Ils avaient pris de l’assurance, et ont commencé à revendiquer leur culture, leurs droits, leurs choix. Et c’est ainsi que le Codofil est né, et que moi, je travaille là.