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louisianecheznousautres
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22 mars 2015

Une louve

C’est la louve. Mais sans le côté maternant. Elle isole ses proies, les traque jusqu’à épuisement, puis les met en pièces.

Elle se repaît de détruire, harceler, humilier, elle aime blesser, jeter dehors puis abandonner à votre triste sort. Crée des injustices, frustrations, plus qu’exigeante et tatillonne pour les uns, et plus qu’indulgente et arrangeante pour les autres. Je la crois plus instinctive que stupide. Destructrice certainement, tyrannique sûrement.

Elle veut surtout vous voir vaciller, défaillir, flancher, pleurer à ses pieds. Elle a compris que je ne donnerais pas un sou. Que son racket ne m’intimidait pas, ni pour son Winter-Wonderland, ni pour la table et les chaises. Alors elle a pensé me priver de mon salaire. En me pondant des avertissements. Elle pense ainsi asseoir enfin son pouvoir. Je me suis habituée à tout : injustices, petites piques, insultes, coups bas, flicage. Même si mon inspectrice française me soutient, et le Codofil me comprend, l'école perdra cette année, trois classes de français, la mienne disparait. Mais pour la première fois, je me dis, qu’il sera très, très difficile de ne pas recevoir un seul reproche, en deux mois. Elle peut trouver n’importe quoi à redire. J’aurai beau faire tout ce que je peux, il y aura toujours un petit détail, une info qui ne m’aura pas été donnée, et j’en serai pour mes frais. Au troisième avertissement je perds mon salaire entièrement. Ne me restera qu'à partir. Comment réussir à tenir deux mois, dans ces conditions?  Moi qui croyais que le plus dur était passé. Encore raté.

Tenir, ça j’ai appris à faire, mais rester sans salaire, impossible. Alors elle aura réussi à me foutre dehors. Pour rien. Comme me disait un ami turc, durant 20 ans prof de français, ici; et qui s’est vu harcelé par sa boss : « Quand elle te prend en grippe, t’as que tes larmes pour pleurer ». Comprenez-vous l’importance, du droit du travail, du droit de grève, du droit de se réunir, d’échanger et de penser? Comprenez-vous la raison d'être des contre-pouvoirs? Comprenez-vous l’utilité importantissime de se syndiquer? L’engagement politique au sens noble du terme ? L’importance de garder la main, de ne pas laisser les rennes à n’importe qui, et laisser son pays devenir n’importe quoi. Continuer de se battre comme les mineurs, les cheminots, les routiers, les profs, les médecins, les infirmières, les opposants au gaz de schiste, aux aéroports, aux éoliennes, ils ont raison, même s’ils font chier. Faut toujours continuer de s’intéresser à ce que notre futur va devenir. Continuer de s’indigner. Continuer de lire et d’écrire, pour que vive la liberté d’expression. Faire vivre la démocratie. Réagir et pas subir. « Charlie » nous l’a rendu prégnant par la boucherie de janvier. On le savait, on connaissait les menaces on s’en foutait.

Mais revenons ici, pour le moment.

Positivons, il y a des gens vraiment bien autour de moi, qui m'aident et me comprennent. C'est d'ailleurs émotionnellement destabilisant, quand vous passez du chaud au froid sans arrêt. Des attentions et de la gentillesse à de la malveillance permanente. Mais je n'oublierai jamais les étoiles dans les yeux de ceux qui réalisent qu'ils savent enfin lire, leur langue maternelle... le français.

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