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louisianecheznousautres
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4 septembre 2015

Et avant lui...

Spectacle cajun

Bouleversée par l’histoire générationnelle de ses amis cajuns, jouée et chantée sur scène…

Elle  avait alors écrit cette lettre à l’artiste :

Cher  Zachary,                                       

 

A la « Première » et en introduction de ton spectacle, jeudi, tu as posé une grande question « Mais pourquoi donc, je fais ça ? »

Moi j’ai une réponse pour toi.

Certes, elle ne concerne qu’une petite personne parmi tout un public. Mais l’artiste que tu es, sait bien qu’on peut ne toucher parfois qu’un seul être, et c’est ce qui compte. La graine est plantée à jamais.

Je m’appelle Louisa LEGER, un nom bien cadien pour une française appelée par le CODOFIL, il y a deux ans, pour enseigner ta langue et la mienne, aux petits américains de l’Ecole Publique à Lafayette.

J’étais venue pour sortir de ma routine, pour la musique et pour parfaire mon anglais…. Je reviendrai pour ce peuple extraordinaire que j’ai découvert dans le Sud de la Louisiane. Et j’ai grâce à lui, compris la chance d’avoir pour langue maternelle : la plus belle qui soit : la langue française.

En t’écoutant, non seulement tu m’as émue, tu m’as fait rire, tu m’as transportée mais tu as réalisé quelque chose de bien plus noble encore. Quelque chose qui ne nous arrive vraiment pas tous les jours : tu m’as reconnectée.

Grâce à ton message, j’ai compris pourquoi j’étais ici, ce que j’avais à y faire. J’ai vu soudain l’essentiel de ma mission : contribuer à activer votre mémoire, faire vivre l’héritage, être le lien entre vos racines, et votre vie actuelle. La langue : c’est votre identité. Et je suis fière de la partager avec vous, fière d’apprendre aux enfants qu’on peut penser différemment et parler autrement, et penser deux fois !

Je suis venue avec ma famille : mon mari et mes deux fils, qui ont préféré rentrer avant moi par nécessité (études, travail, maison en France). Et d’un commun accord, on a décidé que je finirais seule mon contrat Codofil, il restait encore 8 mois.

C’est là que mes yeux se sont ouverts. J’ai sciemment délaissé la tribu « franco-française » de mes collègues pour être au cœur de cette région et rencontrer les cadiens, tellement différents des autres américains. J’ai entendu une langue fleurie, tellement plus belle et poétique, plus imagée et humoristique que la mienne. Une langue qui ressemble à celle de mes grands-parents, petits paysans de la campagne française. Avec vous, je me suis retrouvée comme dans mon enfance. J’ai découvert surtout un accueil chaleureux, une joie de vivre, un humour sans pareil. Je pensais en allant aux tables de français que je pourrais aider, et ce sont eux qui m’ont soutenue! Puis j’ai découvert la danse, et les jam. J’ai adoré. J’ai surtout rencontré un peuple unique, vrai, sain, qui vous adopte immédiatement, sans faux-semblant. C’est d’ailleurs hallucinant. Comment avez-vous réussi cette prouesse ici ? Au boulot, je subis le « chacun pour soi », l’hypocrisie et les coups bas, et dès que je retrouve mes amis Cadiens, je revis. Heureusement que mes petits élèves et vous autres, étiez là. Mes rayons de soleil.

Alors pour répondre à ta question, je suis exactement à la charnière de tout : deux mondes, deux générations, deux continents. J’ai 45 ans, et deux fils ados de 21 et 14 ans. Les gens de ma génération m’ont toujours semblé ou futiles ou ennuyeux. Et j’évolue ici à la charnière de deux univers : les Cadiens et les profs comme moi, venus enseigner le français, mais ayant trop souvent oublié cette dimension essentielle du sauvetage de votre culture, de la réappropriation de votre langue maternelle. Cesser enfin d’avoir honte, parce qu’on parle français.

Je suis admirative. Vous avez tant souffert, et n’êtes jamais morts, n’avez jamais été assimilés complètement. Au contraire, vous êtes devenus encore plus forts, encore plus joyeux, encore plus accueillants. Je suis vraiment heureuse d’officier à Lafayette plutôt qu’à la Nouvelle Orléans (où tous mes collègues rêvent d’enseigner). Non, ici on est resté à taille humaine, resté connecté à la nature, les pieds sur terre. Ici on n’a rien oublié, on est resté simple. Et la musique est avant tout gratuite, une joie, un partage dénué d’arrière-pensée. J’habite chez une Cadienne qui m’a ouvert son cœur et sa maison. Femme extraordinaire, une sœur, une mère, une amie que j’ai l’impression de connaître depuis toujours. Comme elle dit : « ça clique entre nous ». On rit beaucoup, parlons tant, et elle me soutient moralement quand je souffre du harcèlement de ma Principale malveillante.

Bref, j’avais tellement envie de faire quelque chose pour tous ces cajuns que j’aime et qui me rappellent les huguenots de France : minorité harcelée, humiliée sinon assassinée, contrainte de se cacher pour vivre libre, dans le Sud de la France, où je me suis installée en famille il y a 17 ans. Ces gens ont vécu comme vous dans le bayou, oubliés, reclus. J’aime profondément ces peuples rebelles, fiers et pacifiques, qui ont la mémoire vive et l’intelligence de rester eux-mêmes : incorruptibles, justes, purs.


Et comme toi, je me suis posée une grande question : « Qu’est ce que je pourrais faire pour eux ? »

Alors j’ai trouvé un cadeau que je pouvais leur faire. Qu’ils pourraient accepter sans se gêner, ni se sentir achetés. Un cadeau bien simple en fait…pour une maîtresse d’école française : je leur apprends à lire leur langue maternelle. Mais là encore, vous êtes trop forts, car vous m’avez donné en échange un bien plus beau cadeau encore : inestimable souvenir à vie : les étoiles dans les yeux et le visage de très grands enfants qui s’illumine en s’exclamant : « Ca y est, je sais lire ! Je peux lire ! »

Merci à toi, pour qui tu es et ce que tu fais, merci à tous mes cousins d’Amérique pour cette tranche de vie extraordinaire que j’emporte avec moi en juin, en France. Je rentre chez moi, le cœur débordant de souvenirs heureux. Je sais que je reviendrai pour vous retrouver chez vous, juste profiter de votre présence, pendant des vacances…

Sache enfin, que grâce au Codofil, et ces échanges de profs, deux choses ont changé :

D’abord on parle cajun en France désormais : mes parents me disent souvent « Lâche pas la patate » et tous tes pairs qui ont été humiliés autrefois à l’école US, pour avoir parlé français…Eh bien, tous les petits élèves américains d’aujourd’hui, en Immersion Française, et tous les petits français venus dans vos écoles régulières (suivant leurs parents profs), tous : sont les meilleurs élèves, réussissent mieux que les élèves en classe normale ! Et toc ! Parler français, fut une tare ? Aujourd’hui c’est bien plus qu’un atout. Avec mon français, ma guitare et mes chansons, j’ai rencontré bien plus d’amis que je n’aurais pu l’imaginer toute ma vie ! Tu es entier : conteur, chanteur, passeur, artiste accompli. Tu es celui qui m’a éclairée et reconnectée avec moi-même. Alors merci, merci, merci Zachary, pour tout ce que tu donnes et qui tu es.

Louisa, une petite française infiniment reconnaissante.

 Bilan

Elle essayait encore et toujours de comprendre ce qui avait bien pu l’attirer à ce point de cet inconnu. Non, physiquement, il n’avait rien de plus que les autres, rien d’extraordinaire. Trop grand, trop timide, le visage buriné, mais pas même un signe caché de séducteur, ou d’audace dans la voix ou dans les yeux. Non il était plutôt effacé et réservé, plutôt humble et ne cherchant nullement à plaire. Il n’affichait aucune arrogance, aucune particularité, ne montrait ni son humour, ni son âme. Il était tel ces enfants un peu trop discrets, qu’on peut oublier dans le groupe ou au fond de la classe. Il ne cherchait ni à se démarquer, ni à se faire aimer. Il n’attendait rien. Il observait, se taisait, écoutait et aimait les gens sans jamais rien demander. Transparence. Intellectuellement alors ? Elle aurait pu tomber sous le charme de ses traits d’esprit, de sa façon d’être, de vivre et de penser, de ses combats, de son histoire, sa culture du bayou et tout ce qui rendait les cajuns si attachants. Mais là non plus, il n’avait jamais parlé de lui. Il ne se mettait jamais en avant. Elle ne savait strictement rien de lui. Elle ne lui avait jamais posé aucune question, ni lui non plus Et il ne lui avait jamais strictement rien demandé. Sa façon de danser, alors ? Certes, il lui donnait toujours la part belle, il la guidait et faisait converger les regards sur elle, la rendait plus sensuelle, plus experte en danse qu’elle n’aurait jamais pu l’imaginer. Mais là encore, il s’effaçait complètement derrière elle pour la mettre en valeur, elle seule. Elle n’aurait pu décrire qui il était vraiment. Il savait si bien se faire oublier. S’effacer. Mais alors qu’est ce donc qui l’attirait en lui? Quelle magie avait bien pu opérer au plus profond de son être pour faire naître en elle, cette attirance, ce besoin de lui ? Pourquoi malgré sa certitude de partir bientôt et pour toujours, et son aversion pour cette société américaine, et son désir profond de fuir et rentrer dans son pays, elle l’aimait. Elle le désirait, le chérissait sachant qu’ils n’auraient aucun futur possible et commun ? Pourquoi dès qu’elle pensait à lui, elle fondait intérieurement ? Pourquoi quand elle posait sa main dans sa main pour entamer une danse, elle vibrait ? Pourquoi au plus près de lui, comme un oiseau blotti contre lui, elle rayonnait de bonheur, sa félicité au paroxysme de la jouissance ? Elle était envoûtée, et ne pouvait se l’expliquer. Car jamais, au grand jamais elle ne s’était raconté d’histoire, n’avait confié son émoi à personne, n’avait alimenté aucune romance pour le plaisir de ses sens. Pas même eu envie de jouer au jeu de l’amour et du hasard. Jamais désiré titiller le cœur de ce grand solitaire. Jamais. Au contraire, elle avait évité tout signe d’attirance, avait tu toute évidence, avait pris soin de s’écarter de lui, de l’ignorer, de passer à côté de lui, omettant toute curiosité à son égard, pour mieux partir, légère, ignorante et insouciante dans quelques jours…. Mais ses efforts avaient été vains. Car sans aucune raison patente, sans explication, ni connaissance de lui, elle était toute à lui. Il l’habitait. Elle ne pouvait plus se détacher de lui, ne pensait qu’à lui, jour et nuit. Et jamais, il ne lui avait demandé quoi que ce soit, ne lui avait dévoilé son amour, ne lui avait dit aucun de ses besoins profonds. Rien. Il l’avait seulement respectée dans la danse, aimée d’un amour secret et désintéressé, une amitié pure, un amour platonique mais jamais révélé. Pas un mot, pas un signe, aucun un regard éloquent de sa part. Rien.

C’était incompréhensible. Ca dépassait l’entendement. Elle ne se reconnaissait plus. Car même dans ses souvenirs de jeune fille ou de femme tombant amoureuse, elle n’avait été emportée par une telle lame de fond. Jamais. Alors, pour tenter de comprendre, elle songea aux trois hommes qui avaient compté dans sa vie, avant lui. Pour recomposer le puzzle de son parcours, et savoir comment et pourquoi elle en était arrivée jusque là, jusqu’à lui, jusqu’à cet amour-là.


Si jeune encore, enfant de dix ans, elle avait croisé celui pour lequel elle se destinait à jamais.

Elle commençait à peine de découvrir le monde : impatiente d’aller au collège, apprendre une nouvelle langue, rencontrer de nouvelles personnes, grandir. Non pas que l’enfance lui déplût, mais cette soif de plus de liberté, de mener sa vie, et de se passer des permissions.

Elle n’avait que dix ans, et sût que ce serait lui. Le premier, et pour la vie. Le vrai, le grand premier amour. Il lui ressemblait comme un frère jumeau, était né le même jour qu’elle. Beau comme un dieu, au regard perçant et d’argent. Elle le dévorait des yeux dès qu’elle le croisait, le trouvait si beau, son presque jumeau. Chaque matin au réveil, chaque soir au seuil de son sommeil : elle murmurait son prénom comme un talisman, et se promettait de lui être fidèle, et de l’attendre. Et comme elle mettait toujours un point d’honneur à réaliser ses promesses, elle attendit ce splendide Dom Juan, jusqu’à ses dix-sept ans, lui donna tout et plus encore, pour se laisser abandonner, consommée, donc dénuée d’intérêt, peu après. Abyssal chagrin d’amour. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. Elle soufra tellement, pour la première fois de sa jeune vie, qu’elle songea très sérieusement à se tuer dans la vitesse de son deux roues et sur la route… Se ravisa in extrémis. Elle mit du temps à s’en remettre, beaucoup de temps ; la blessure se rouvrant à chaque fois qu’elle le croisait… Puis elle partit. Quitta sa petite ville natale pour la capitale, une fois le bac en poche. Une nouvelle vie commençait. Loin des parents et du bercail. Elle n’aimait guère la vie citadine, mais s’y soumettait par amour du travail qu’elle s’était choisi. Le théâtre. L’amour des belles lettres, des beaux textes, et des grands auteurs. Elle voulait tant apprendre et vivre cette passion jusqu’à son apogée qu’elle était prête à tous les sacrifices. Et c’est alors qu’elle découvrit un jeune artiste bourré de talents, et plein d’avenir. Un jeune homme écorché-vif, mais passionné. Elle aimait le regarder travailler, chercher et se donner en scène. Elle apprenait à ses côtés. Un révélateur. Mais elle ne voulait rien de plus que son amitié. Car quelque chose lui disait que l’artiste était grand, mais que l’homme était tourmenté. Mais il lui écrivit des lettres enflammées, des poèmes et des chansons. Il l’aima éperdument. Quand elle se décida à lui parler franchement pour le dissuader, elle fut interloquée par son aplomb. Pas même déçu, ou dépité. Non; il lui répondit simplement et dans un grand et profond calme, comme s’il lisait dans l’avenir : «  C’est pas grave, je t’attendrai . ». Et c’est à partir de là, qu’elle commença à vaciller, à douter d’elle, et à accepter l’idée qu’ils pourraient s’aimer. Un fâcheux la harcelait. Il s’en vint trop pressant, alors Louisa demanda de l’aide à son ami acteur, et c’est ainsi, que le premier baiser l’emporta. Elle aima tant sa façon de l’embrasser… Le fâcheux disparut totalement de la circulation. Et quelques années de bohême plus tard, ils étaient mariés et parents d’un adorable garçonnet. Mais Paris commençait à la fatiguer, et son époux se fatiguait de la vie de famille. Leur couple explosa en vol, au moment-même où ils commençaient à vivre de leur art. Elle sombra en dépression, perdit appétit, sommeil et confiance en elle. Elle songea, pour la seconde fois, à mourir. Elle travaillait, entre autre, à l’époque, à domicile, pour des spectacles sur commande, auprès de familles riches. Et subissait leur bonheur dégoulinant et quasi-publicitaire de familles idéales. Quand, le soir, elle rentrait chez elle, elle ne contrôlait plus son chagrin. Et les larmes barbouillaient son visage, au moment même où elle envisagea, les roues du métro parisien, comme dernier souvenir. Le conducteur RATP la vit, pressentit son acte, ouvrit sa porte et l’invita à monter à ses côtés. Un ange passa. Il lui dit les mots justes, des paroles réconfortantes et l’emporta vers un avenir meilleur. Seules quelques minutes de tunnel noir, et d’humanité pour l’aider. Elle ne revit jamais cet ange-là. Elle ne songea plus au suicide. Elle voulut se reconstruire. Elle dit à son fils de trois ans, qu’il y aurait des jours meilleurs, un autre monsieur et une petite sœur comme prévu. Elle ne voulait pas d’un fils unique. Mais le bambin lui, était sûr de son fait, et en plein œdipien florissant « Ah mais non maman, on n’a pas besoin d’un autre monsieur, on est très bien tout seuls, tous les deux ! » Et il se réveillait dans la nuit pour dormir sur le seuil de la chambre maternelle, puisqu’elle lui interdisait l’accès à son lit. 

Et, enfin, elle rencontra le « Monsieur » promis, celui qui emporta elle et son bambin, vers le sud, un avenir meilleur, et d’autres aventures. De simples voisins, ils étaient devenus amis, puis confidents, et enfin amoureux et amants. Elle était heureuse avec lui, et suivit sa voix intérieure. Ils optèrent ensemble pour une nouvelle vie, un nouveau lieu de vie, loin de la ville et plus au soleil, et deux nouveaux jobs en zone rurale. Vingt ans plus tard, mariés, et avec la petite sœur promise, ils vivaient heureux dans un mas isolé. Mais comme à son habitude, son cher époux n’aimant pas la routine, il l’avait poussée à reprendre ses études, devenir professeur, et partir enseigner à l’étranger. Afin de gagner un peu mieux leur vie, vivre une aventure, et s’extraire du quotidien et des engagements associatifs et bénévoles trop prenants. C’est lui qui insista pour le choix de la Louisiane. Il ne voulait pas de l’Utah ! La haute montagne, le froid, la neige et les Mormons ! Non ! Ah non sûrement pas ! C’est lui qui anticipa et raconta partout, à tous, qu’ils partaient vivre, un ou deux ans, en Amérique.  Elle ne savait même pas si sa candidature serait retenue, et le trouvait gonflé d’afficher si tôt leur projet… Il avait bossé comme un fou pour gérer les affaires françaises, maison, location, travaux, et elle s’était engagée à gérer seule les débuts américains, emmenant leur jeune fille avec elle, afin qu’elle devienne bilingue. L’aîné des deux enfants, désormais, étudiant-adulte, les retrouva pour ses vacances et son stage d’étude à l’étranger. Ils étaient d’accord, pour que le père rentre plus tôt, au cas où la plus jeune ne supporterait pas l’école américaine, et reprenne sereinement ses études françaises après douze ou dix-huit mois d’Amérique. Elle s’engageait à finir son contrat de deux ans, quitte à se retrouver seule outre-Atlantique quelques mois. Elle était reconnaissante envers son époux, de la confiance qu’il lui témoignait. Nullement jaloux. Voire même négligeant. Ne cherchant même pas à lui parler pendant des mois. Et n’écrivant pas non plus. Père et fille rentrèrent donc en octobre. Et Louisa resta travailler, et finir l’année scolaire, jusqu’en mai. S’investissant et apprenant le plus possible pour ne pas dépérir.

 

Tout au long de son parcours de vie, elle avait toujours essayé de tirer les leçons de ses douleurs et de ses échecs. Et cette fois, elle voulait à tout prix comprendre ce que cet homme avait produit en elle, et pourquoi. Puisque : elle comme lui, ne voulait absolument pas tomber amoureux l’un de l’autre. Aucun ne voulait d’un amour à la sauvette, ni ne voulait souffrir du manque et de l’absence … Avaient-ils l’un et l’autre un tel besoin d’affection, à ce moment précis, que l’alchimie avait fait son œuvre et rongé leurs âmes jusqu’à totale disparition de leur piètre volonté ? Et encore, à cet instant précis, elle ne savait même pas s’il l’aimait. Rien ne le prouvait. Elle seule était emportée et sûre d’être envoûtée. Et ne pouvait plus le cacher. Ils n’étaient pas nés de la dernière pluie. L’un comme l’autre connaissait les tourments, avait traversé de profonds chagrins, et ne céderait pas à une détresse amoureuse pour le fun ! Ils n’avaient nul besoin de romantisme douloureux pour se sentir vivants. Ils savaient que les heures ensemble étaient comptées… Il fallait tourner la page. Point d’autre issue. Mais comment accepter de s’arracher le cœur, s’arracher une part de soi-même. Ils n’étaient qu’un. Surtout depuis leurs longues heures à parler dans la nuit. Tant de temps passé soudain seuls ensemble, dès qu’ils avaient un espace de liberté commun, c’était pour se retrouver et se découvrir, se parler, se confier. Rien d’autre que de se dévoiler par l’esprit. Juste apprendre à se connaître, rattraper le temps perdu. Pas un geste, pas un baiser, non que du partage en paroles. Elle en avait tant besoin. Pour comprendre qui il était, quel pouvoir, sans même le savoir, il avait donc sur elle. Et tout en se confiant l’un à l’autre, elle réalisait qu’ils étaient nourris depuis leur plus tendre enfance, de sentiments communs, d’expériences et de sensations similaires. Dans deux univers si différents. Mais que l’un comme l’autre étaient faits de la même étoffe. Ils pensaient de la même façon. Partageaient les mêmes opinions. Ils n’étaient qu’un, en ayant pourtant grandi dans deux cultures si différentes. Ames sœurs qui s’ignoraient et dansaient pourtant ensemble depuis lde longs mois.

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