Deuxième jour à Big Bend.

Le temps s’est rafraichi et ça mouille, comme diraient les cadiens. Je roule sous la pluie, encerclée de montagnes, solitude du désert en hiver. Moi dans ma bulle, je roule au ralenti. Personne autour. C’est long une large route rectiligne comme une autoroute de 130 kms de long, à seulement 65 kms/h de vitesse maximale. Alors vous rêvassez, vous songez, vous écrivez déjà dans votre tête… pas très sécure la vitesse lente, en fait…. Sur la route, roule une de ces plantes désertiques, aériennes, légères, sans racines comme on en voit dans les Western… Un lapin tout petit passe, et d’autres road-runner, avec toujours cette même foulée à tout petits pas saccadés et rapides… Tout « maiguichon » et toujours pressé, il n’est fait que de plumes et de stress, ce piaf-là. Puis je me rapproche de Santa Helena Canyon, du Rio grande, l’extrême Sud Ouest du parc, frontière mexicaine. (Marrant : le Rio Grande du Nord du Nouveau Mexique, à des milliers de kms en amont, a la même taille). Derniers kilomètres : j’emprunte une vieille route. C’est la piste. Le désert, et la conduite. Mon Claude serait ravi. Il adore ça. Et je vais alors d’émerveillements en émerveillements. Décors de western, montagnes canyons. C’est un décor fou. J’apprends que pendant les années 30 et 40, suite à la crise de 1929, Roosevelt décida une politique de Grands Travaux, et d’embaucher beaucoup de jeunes chômeurs, ici, pour préparer le futur State Park, et y ouvrir routes et chemins de randonnées. Pour beaucoup de jeunes et novices cantonniers, c’était la découverte d’un Texas aux chaleurs intenables, en été : plus de 100° F…. Y travailler était un enfer…

Santa Elena canyon, à l'extrème sud ouest. falaises 3 à 4 fois plus hautes que celles de l'Ardèche

Une vraie manette Nintendo pour mon Juju…

Le far west....

un petit côté Conemara irlandais....

Et puis à chaque check point, je sens la tension des douaniers. Bon, au bout du troisième passage, j'ai compris. Ils n'aiment guère que les étrangers rentrent aux USA. Je vais donc faire comme avec les égyptiens. (On en avait marre de devoir toujours poireauter au milieu du désert, alors quand l'un nous faisait signe de la main : on faisait pareil "Coucou!" et on passait en trombe dans la poussière.) Moi aussi j'en ai marre de poireauter la vérification de mes papiers, alors, j'enfonce ma casquette sur ma tête, je prends mon air épais et mon regard bovin, je sélectionne une radio pour musiques bien cons à fond dans l'auto-radio, je ralentis bien, sourire benet collé sur ma face et je plaque mon ID (permis de conduire ricain) contre ma vitre : "US Citizen?" Oh yeah.... "Let's go" Emballez c'est pesé. 2 secondes contre 40 minutes. Pas mal.... la progression. Et puis c'était un pieux mensonge. Comme mon Charlie quand il était petit : "A ma maman, je dis jamais de mensonges, je lui raconte juste des histoires!". M'enfin pour que je sois US citizen.... même avec Marine Lepen présidente, je suis pas sûre que je m'y résoudrais...

Comments

[leelou1]

Tu es bien trop solaire pour etre americaine, ma belle! :-)

Chouettes photos.