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louisianecheznousautres
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18 février 2015

J3 Dans Big Bend : pointe Sud Est, et Rio Grande.

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La vieille montagne se drape d'un voile blanc de jeune mariée...

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Et un fil à la patte...

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La tête dans les nuages

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 Ici on sent que d’habitude, c’est la partie la plus chaude du parc. Mais le désert en hiver est vert. Des pelouses un peu partout. Vent. Froid du matin. Ciel couvert. Azur gris et fleuve vert. Roches ocre et grises ou blanches. Symphonies de couleurs désertiques. Lumière étrange. Il fait frais là l’où on sent que normalement, c’est un four. Décalage. Mais ce n’est rien. A 100 kms* au nord, là où je dors, c’était glace et givre, et ciel très bas, au point d’avoir songé à anticiper mon départ… Mais ce parc est imprévisible. Il n’est jamais comme on l’attend. J’arrive dans les Gorges Del Carmen ... Ressemblance avec celles de l’Ardèche, en plus ocre et beaucoup, beaucoup plus profonde, peut-être trois ou quatre fois plus hautes. Quand vous êtes au fond, ça fait même peur. Vertige. Je me sens fourmi. Tout est toujours immense ici. Jamais à dimension humaine. Mais c’est raccord ! En Amérique, tout, absolument tout est toujours démesuré. Rien n’est adapté à l’humain. Ni la nature : trop grande ou trop extrême, ni la société trop hard, trop cruelle ou bien trop médiocre. Faut se battre, résister, être tout le temps sur le qui-vive. Jamais au repos. Dureté. Pas de pitié. Les Cowboys ont le cuir dur, mais les idées courtes.

1) On tire.

2) On dégaine.

3) Ca fait mal, une balle dans le pied.

 

*Ce parc est si réputé, que pour réserver une chambre en son cœur, il faut réserver deux ou trois ans à l’avance… Donc, la seule option restante : c’est trouver un hébergement au village le plus proche, à l’entrée du parc…. A 100 kms au nord…

 

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Mais qu'il est dur de devoir choisir des photos.... et pourtant il y en a encore tant...

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Je laisse le Rio Grande, puis je m’enfonce dans le désert. 70 Millions d’années se sont écoulées. Fini la montagne Cévenoles, le granite et l’altitude, je marche au fond d’une mer, roches sédimentaires à foison…Trace de climat chaud et humide, des marais et des dinosaures, tout s’est fossilisé, des os aux coraux, des algues à toutes les variétés de coquillages, des bancs de sables aux plages de galets. Tout. C’est un peu le Pompéi Minéral, Végétal et Animal du Texas. Tout est là. Inutile de chercher ou creuser ; c’est à porter de main, sous vos pas, et en quantité !!! Ca devait être d’une richesse, y avait de quoi béqueter ! Vous trouvez des fossiles de l’ancêtre du cheval (plus petit), de l’hippopotame, d’un herbivore étrange à tête équine mais corps félin. Mais ce temps interminable, qui a tant transformé ce lieu, d’un passé de luxuriance équatoriale et océanique en un désert brûlant : ce temps ne veut rien dire pour des êtres éphémères… Nos ancêtres peignaient Chauvet il y a 36000 ans. Ca nous semble déjà si lointain, et 200 fois plus vieux que les artistes de la Combe d’Arc, ces dino-là broutaient pénards ici… L’échelle du temps? Pff et dire que l’actuel i-pad sera obsolète dans deux ans…. Que dis-je deux ans, six mois, oui.

 

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Cheval texan au galop sur les rives Rio Grande

 

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Dans les gorges...

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Rio Grande toujours...

 

Le désert +++j3_Big_band_sud_est_072

 

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A part dans les églises ou les musées, je n’avais encore jamais marché sur du marbre…

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au loin le canyon, ombre secrète alcôve à visiter

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Au pied du canyon qui m'attirait tant...

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Un yucca hirsute...

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Le canyon qui a bien voulu m'ouvrir ses portes

 

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et la sortie...

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plage de galets fossilisée

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C'est Carnaval : même les cactus se déguisent en oursins...

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Un vrai tableau impressioniste, pour une photo même pas retouchée

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Telles les ruines d'un château médiéval...

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Loin du tumulte. Silence. Il n’y a que le vent qui parle. Je marche seule. Et on me dit que je prends des risques ! Mais les salopards ne viennent pas marcher dans le désert, ( Y a pas assez de proies !). Ils pavanent dans la ville et les lieux branchés. Je dois juste faire attention à mes pas. Ne pas me piquer, ne pas trébucher, ne pas me blesser. Des cactus, des épineux. Et une plante qu’on ne voit jamais, mais qui se rappelle bien à vous : ses épines sont si fines, plus minces qu’un cheveu, mais rouges, et lorsqu’elles traversent votre chaussette, vous vous y reprenez à trois fois pour trouver la coupable. Dans la godasse ? Dans la socquette ? Ou déjà dans la peau ? Bon, je suis le trail, mais bien évidemment, comme je ne peux me contenter d’être mouton…. Y a un machin là-bas qui m’intrigue. Je veux savoir, je veux voir de plus près. C’est un immense, magnifique canyon, qui me fait des clins d’œil. A vue de pif, c’est à moins d’une heure de marche, sans doute 30 minutes si j’avance bien. J’y vais. Je sors du sentier, me repère bien comme en spéléo, me retourne souvent pour retrouver ma direction au retour… et j’avance. Slalomant entre les cactus et les épines noires. M’y voilà. Le canyon est énorme. Mais étrangement, on dirait qu’il se refuse. Rien à faire, impossible de pénétrer. J’essaie vainement plusieurs entrées. Mais des rochers énormes obstruent le passage, et quand je pourrais escalader, la nature a fait le reste : trop d’épineux et de ronces…. C’est bien gardé… Déçue, je remonte la colline en face… C’est là qu’on aimerait être un oiseau… Mais je finis par voir de là haut… Et prends des photos. Je ne serai pas entrée, mais aurai vu… Et du coup, ben forcément, je ne prends pas du tout le même chemin au retour…. Et cocasse : je trouve un sublime autre canyon qui s’offre facilement à la balade, lui !!!

Le soir, je décide de prendre mon temps ; je veux cette fois, voir le crépuscule jusqu’au bout. Je vais au Rio Grande Village. Ah leurs mots pompeux ! C’est tout eux ça ! A défaut de village : vous trouvez une pompe à essence et une épicerie moche, de moins de dix ans d’âge ! Ouah ! Quel village ! Mais en me retournant, je suis stupéfiée…. Jamais vu spectacle plus sublime. J’en ai la chair de poule et les larmes aux yeux. Face à moi, dans la combe, se dresse une falaise majestueuse, illuminée par la lumière rasante rouge et or. Le décor se met en scène, tout en couleurs et en contrastes d’ombres et de lumières, de reflets et de strates géologiques multicolores. Jamais aucune photo ne pourra rendre ni l’ensemble ni l’ambiance. Comme si le désert vous offrait sur un plateau, son petit "son et lumière" du soir, sa petite distraction crépusculaire… Moi qui marche sur un fond marin, je suis médusée. (ahahaha)

Je reprends la route. Et je vais de surprise en surprise. Je ne reconnais plus rien. Le décor est tout autre, selon la lumière. C’est extraordinaire. La roche s’amuse avec les couleurs du ciel, les ombres portées des nuages, le soleil rougeoyant. Les reliefs sont mis en scène par les ombres allongées. Soleil couchant, lumière rasante. Je monte à Chisos Montain. Je marche sur le Lost Mine Trail… Ouvert dans les 1940’ par les chômeurs de Roosewelt… Je me dépêche. Il est tard, faut rentrer avant la nuit. Mais c’est fou ! Ce sentier embrasse trois vallées en moins d’un mile ! Que de panoramas plus fabuleux les uns que les autres. A chaque épingle : je me dis, allez c’est la dernière, faut redescendre. Il commence à faire froid aussi, à 7h du soir et à 2200 m d’altitude.  Mais rien à faire, je continue…. Encore et encore. Me repaître d’images. De couleurs et de lumières. Me souvenir. Emporter tout ça dans mon œil, et dans mon cœur. Mais que c’est beau ! Et moi qui voulais partir ce matin…. A croire que la nature se paie ma tête. « Ah tu voulais te casser ? Ben tiens, prends ça dans les mirettes ! Je vais te faire mon grand show, moi, pour la peine! Petite joueuse, vas ! ».

Rien à dire. Mais pour tant de splendeurs, juste penser : « Merci ».

Maintenant, il faut vraiment partir. Un troupeau de biches traversent dans l’ombre…  et je pense à leur prédateur qui doit les guetter de son œil nyctalope…

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Cette panthère est si longue de corps, si courte et grosse de pattes… mais si rapide. Sauvez-vous les belles, elle va en bouffer une… Cette fois, je roule entre les silhouettes des rochers de Western, qui se dessinent en noir, sur ciel dégradé du rouge au blanc puis bleu profond. La nuit n’en finit pas de tomber. Comme une longue, une éternelle note en vibrato de musique finale, en conclusion de symphonie.

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Commentaires
C
Quelles merveilles! On est sans voix devant tant de beauté j'en ai le souffle coupé!<br /> <br /> Quelle aventurière ma fille!!
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L
Quelle journee haute en couleurs!<br /> <br /> Les pastels sont etonnants, enchanteurs.
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