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louisianecheznousautres
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24 février 2015

DIE HAPPY" au Théâtre à l'Acadiana Center of the Arts Lafayette

Etrange sensation, de rejouer sur scène. Un théâtre. Des acteurs. Répétitions nocturnes, vies entre parenthèses. Avant la première, tout s’arrête. Notre vie est sur les planches, on est tous accaparés. J’ai pas vraiment oublié. Les réflexes sont bien là. J’ai même l’impression que mon jeu s’est bonifié, comme un vieux vin, au fond d’une cave. C’est bien ancré en moi, mais là c’est en anglais. Grand défi. Avec les semaines puis les mois à répéter avec eux, je m’habitue à leur accent, à leur diction savonnée, et je les comprends mieux maintenant. Immersion, immersion. Mais le plus troublant, c’est cette scène tirée d’un fait réel d’il y a 30 ans exactement. Les deux actrices qui la jouent me boulversent. Ecrite pour ce spectacle en souvenir de mes 14 ans et de ma première-dernière cigarette. C’est très étrange de voir et écouter une actrice qui joue votre propre scène. Celle que vous avez vécue puis écrite. Et la voir jouer dans une autre langue que la votre. Mais dans le fond, ça ne change rien. La langue théâtrale est universelle. Nous répétons, écrivons, discutons, depuis septembre. On est une trentaine d’acteurs de 2 à 70 ans.

Je vous ai traduit ce que j’ai coécrit. Au final, on parle des générations, de nos enfances, de ce qui en faisait et en fait la sève. De nos rêves brisés ou pas, de nos peurs de l’avenir quand on n’avait encore aucun passé… C’est beau et touchant parce que chacun y a mis une part de lui. Ma scène de la clope est complètement autobiographique, la scène de la prof de maternelle est une blague très courue, mais je suis sûre qu’elle est authentique…

 

En tout cas, pour ma part, ça a été un sacré défi de jouer et d’écrire en anglais. J’ai mis du temps à tout piger ce que disaient les autres. J’ai énormément appris. J’ai eu des soirs de grande fatigue aussi. Après le boulot, ou venant d’apprendre la tuerie à Charlie. Mais je me suis sentie soutenue. Beau boulot de troupe. Et puis j’ai retrouvé toutes ces sensations oubliées : les coulisses, l’odeur du théâtre, des planches. Et j’ai senti que ça m’aidait d’avoir cette expérience. Sans quoi, la barrière de la langue, plus la rigueur théâtrale… C’eut été vraiment trop… Attendons le verdict. Fin février. 4 représentations. Une scène me plaît beaucoup : prof d'école, je dois me contenir tout en me gondolant de rire, sans me faire remarquer, dans le dos de ma boss qui me fait un discours fleuve… Et je n’ai même pas choisi le rôle… Quand je vous dis que la vie se marre bien…

 

 

"Tu te rappelles de moi? Tu venais juste d’avoir 14 ans. J’étais blonde, et signifiais ton émancipation. Tu étais fière de moi, tu m’assumais, et me montrais, tu avais ce sentiment de Pouvoir. Le monde t’appartenait, ton futur aussi. Tu pouvais tout faire. Rien ne t’effrayait. Même pas ta foutue-ex-fumeuse-de-mère. Tu ne pouvais lui parler sans t’engueuler avec. Tu croyais qu’avec moi tu pourrais gagner contre elle. Vaincre son militantisme anti-tabac. Tu étais lascive sur le lit, et fumais, fumais, fumais. Rien d’autre. Juste survivre dans la fumée de cigarettes. Et attendre qu’elle vienne. Et elle vint. Toi et moi, on entendit ses pas dans l’escalier, et s’approcher… Mais tu continuais de fumer. Quoiqu’elle dise. Qu’elle crie ou te méprise. Tu voulais assumer et être une adulte sans peur. Fumer et la braver. La poignée tourna, la porte s’ouvrit, et tu la vis regarder la scène. Toi sur le lit, une clope aux lèvres. Instant de vérité. Qu’allais-je devenir? Moi, ta première cigarette blonde, que pouvait être mon futur? La première d’une longue série, avec le plaisir, le partage, la dépendance à la nicotine, la voix rauque, la peau sèche, le cancer du poumon, ou quoi d’autre encore ?
D’abord, elle ne dit rien du tout. Elle lâcha juste la poignée de la porte. Elle te regarda tristement, paraissant si déçue, si malheureuse que tu sois tombée, toi aussi, dans mon piège. Et après un long moment, elle finit par dire « Oh non, pas toi ! Si tu savais ce que c’est con de fumer .»

Et tu regardas le cendrier, puis la clope, puis le cendrier encore, et dis finalement : « P’tain, oui, c’est vrai, c’est con de fumer ! » et tu m’écrasas dans le cendrier.

Plus jamais tu ne fumas. Ce jour-là, tu me tuas et tuas en toi la fumeuse pour toujours. Grâce à ta mère, et à sa tristesse de ce jour.

Do you remember me? You were just 14. I was long blond and meant your brand new emancipation. You were proud of me, you wanted assume me, and show me, you had this feelling of power, the world belonged you, the future was yours. You could do anything. You were never afraid. Even by your fucking-mother-former-smoker! You couldn’t talk to her, without fighting, you believed that with me, you could win against her. Against her militantism against smoking. You were lazy on the bed, and smoked, smoked, smoked. Nothing else. Just survive in the fog, and were expecting that she comes. And she came. You and me have heard her steps in hallway, then closer climbing the stairs, and approached of the bedroom. But you continued to smoke, whatever she said. Whatever she cried or she scorned. You wanted to assume and to be an adult without fear. You wanted to continue to smoke and  braver her. You saw the handle of the door turning, you saw the door opening, you saw your mam watching the scene : you, on a bed, in the fog and cigarette at the mouth. Instant of truth. What would I become? Me, your first one blond cigarette, what would be my future? The first one of a long serie of others, with pleasure, sharing, addictions, hoarsely voice, dry skin, lung cancer? Or what else?

She didn’t say nothing in the first time, she just left the handle of the door. She looked so sad and disappointed, just hurt in her heart that you fall in my trap… And after a long time, she finally said “Oh no! Not you! If you could know how stupid is it to smoke”

And you saw the ashtray, then me, me, then the ashtray and finally you replied : “Yes that’s true. It’s so stupid to smoke!”,  and you smashed me in the  ashtray.

Never more you took a sister of mine. This day, you killed me and the smoker in you, for ever. Thanks your mother, and her saving sadness of this day.

 ***

Il faut parfois  avoir les nerfs solides dans ce  métier.......  20 secondes  pour pleurer de rire !

C'est  l'histoire vraie d'une institutrice de dernière année de maternelle, au milieu du mois de janvier, le mois le plus dur pour tout  le monde ...


Un  des gamins lui demande de l'aide pour mettre ses bottes pour aller en récréation et, en effet, elles sont  vraiment difficiles à enfiler.
Après avoir poussé, tiré, re-poussé et tiré dans tous les sens, les bottes sont enfin chaussées et le gamin dit : "Elles sont à l'envers, maîtresse".


La maîtresse attrape un coup de chaud quand elle s'aperçoit  qu'en effet il y a eu inversion des pieds...
Bref, nouvelle galère pour  les enlever et rebelote pour les remettre mais elle réussit  à garder son calme jusqu'à ce que les bottes soient rechaussées, aux bons pieds
Et là, le gamin lui dit avec toute la candeur qui caractérise les enfants : "C'est pas  mes bottes".

A ce moment, elle fait un gros effort pour ne pas lui mettre une baffe, fait un tour  sur elle-même en se mordant les lèvres, se calme et lui  demande pourquoi il ne l'a pas dit avant ....
Comme le gamin voit bien qu'il a contrarié sa maîtresse, il ne répond pas.
Elle dit alors : "Bon, allez, on  les enlève" et elle se met à nouveau au boulot.
Le deuxième pied est presque sorti quand le gamin poursuit : "C'est pas mes bottes, c'est celles de mon frère, mais maman a dit que je dois les  mettre".

Là, elle a envie de pleurer mais, une nouvelle fois,  elle se calme et entreprend de lui re- re- mettre ses  bottes.
L'opération est  enfin réussie et la maîtresse se sent fière d'avoir  réussi.
Pour aller jusqu'au bout, elle le met debout, lui fait enfiler son manteau, lui met son cache-nez et lui demande :"Où sont tes  gants?".

Et le gamin de répondre le plus simplement du monde :
"Pour pas les perdre, je les ai mis dans mes bottes."

"DIE HAPPY" Director's Note:

Starting as an exploration of play--throughout our lives, through generations--DIE HAPPY is the result of an ensemble driven process. As always, when Acting Up (in Acadiana) develops a new work, it is not the end of the process. You, our audience, are the crucial next contributor. Your feedback, your questions, your insights are welcome, which is why we invite you to stay and chat with us after the Thursday and Friday shows. If you are attending on Saturday, feel free to share your thoughts, questions and insights at info@actingupinacadiana.com.

Interestingly, I have only had one person ask if we had concerns with the title, DIE HAPPY. Honestly, I had some concern, but it is what resonated with us the most when it was proposed. Perhaps because company members have experienced losses--mothers, fathers, brothers-in-law, friends--in recent weeks, months, and years. The title felt right--at least for now. Through our grief, we have pondered the quality of our lives, what will be important and not important when we do die. It is not only our own experiences, but research shows, it IS indeed the quality of life that matters: relationships, the time we spend with the people that we love. It is not how much money we have, it is not our jobs, it is nothing material at all.

Our questions became, "Why do we work so much and play so little? Is there a way to combine play with work? Has our education system sucked the joy and play from our children? Do their work-lives begin at age four in pre-K? IS there such thing as free play anymore? Or is everything scheduled? Why is it that some businesses: Google, Zappos, The Huffington Post (to name a few) embraced quality of life in the work-place? When will others catch on to the fact that quality of life leads to higher productivity? Will the milennials change the world for the better because of their desire for quality of life? Will it trickle into our school systems?"

We do not claim to have answers to all of these questions, nor have we addressed them all in DIE HAPPY, but we hope a conversation is ignited in our own community. Then, as we refine our show, perhaps we can confidently venture into other communities to ignite more conversation.

Meanwhile, we hope you enjoy becoming part of our journey. Literally everyone on this stage, even the youngest actors, have contributed to the development of what you will see on stage. #DieHappy

Et pour finir. Je me dis que la boucle est bouclée… Le théatre, l’Amérique….  Même sensation. Avoir bossé au « Français », la maison mère, la Sacro-Sainte Comédie Française, et comme ici, s’être dit : « Quel confort quand même, t’as le fric, t’es complètement prise en charge, t’as rien à penser, rien à prévoir, on pense pour toi. Tu peux complètement te laisser porter en pilotage automatique..., et tu deviens un gros benêt, incapable de réagir, simple consommateur amnésique (pour un acteur, c’est ballot) et égoïste ». Ben ici, c’est pareil, très vite, tu ne penses plus du tout. La preuve, hier encore : pour la troisième fois en moins d’un an, la boss nous redemande de nous farcir la même vidéo, pour passer le même quiz, qui nous décernera le même diplôme . Elle a dû les perdre, ou les bouffer les précédents ? Bref, moi : ras le front de me recoltiner le même clip débilos contre les risques du suicide des jeunes, je refuse. Et je fournis le diplôme d’il y a quelques mois. Eh ben, mes bien-aimés collègues, ont zappé complètement, ne se souviennent même plus d’avoir un jour vu cette vidéo, et se la repassent une fois de plus, pour répondre encore et encore au même quizz parce que big boss l’a dit… Hallucinant. Ils sont vraiment lobotomisés. Font même plus semblant. Et moi je me souviens à Paris, de m’être dit « Pourvu qu’on ne me reconduise pas mon contrat, ce serait trop dur de refuser des conditions pareilles… Mais qui te tuent à petit feu. Faut se barrer très vite de ce mouroir, faut fuir, avant qu’il soit trop tard » C’est pareil ici. Fuir avant d’avoir oublié mon métier, perdu ma raison d’être et zappé ce pour quoi je suis venue. Une fois que t’as cueilli ce que tu voulais, sauve-toi vite d'ici! »

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