Positive!
Allez on positive.... Ne reste que ça à faire de toute façon, et disons que dans mes petites et menues emmerdes, y a de la progression, et du bon....
Troisième avertissement en une semaine. Même pas surprise. Et n'ai pas pu m'empêcher de sourire dans leur bureau, tant je m'y attendais....
Comment mon adorable collègue américaine qui partage ma classe, et me hait depuis déjà un bon moment, a-t-elle su et trouvé mon canif dans ma lunch-box.... mystère et boule de gomme... En tout cas cette peau de vache s'est empressée de le porter fissa à la direction.... toutes bien trop contentes de me trouver encore un grief.... Mais curieusement, cette fois, la convocation au micro était très gentille, l'accueil au bureau presqu'amical, et le ton délicieux. Ca faisait tellement longtemps que je ne les avais vues sous ce jour, que je me méfiai.... encore plus. Qu'allaient-elles encore me pondre? Je ne voyais même pas de quoi elles parlaient.... "Ne vous manquerait-il pas quelque chose de personnel?"... Ben non, à part mon pays et la famille, non. Ah si, une ampoule de vidéo-projecteur, et ma chaise qui a été cassée, sinon, rien. "Et dans votre lunch box?". Bref elles vont m'écrire mon 3ème write-up (jamais 2 sans 3 me direz-vous)... Mais je ne leur ai pas laissé le temps de s'étendre sur leur morale, et la dangerosité d'avoir un couteau à table, et gnagnagna (même si les gamins ne m'ont jamais vue m'en servir), et tout en les enregistrant discrètement, et mes papiers de la loi et du droit des profs à la main, j'ai immédiatement taclé :" Donc c'est le troisième, en d'autres termes : je perds mon salaire, et je n'ai plus qu'à quitter mon poste, c'est bien ça?".
- "Mais pas du tout, bien sûr que non, vous continuez votre travail normalement, c'est un accident, qui aurait pu se finir mal, mais non. Vous devez juste ne plus l'emporter dans vos affaires, c'est tout...."
-"Oui, mais vous comprenez bien que la conséquence directe qui peut en découler, c'est la perte définitive de mon salaire. Donc, je ne peux plus rester ici, sans argent. Je rentre immédiatement en France. Et dois quitter mon poste, même si je n'en ai aucune envie. Je veux finir mon année, et terminer mon travail jusqu'à son terme."
"Mais bien évidemment chère madame, il n'est pas question que vous perdiez votre salaire, c'était juste une éventualité, mais pas du tout, continuez votre travail, nous ne demandons que cela...." et gnagnagna...C'est tout juste si elles ne me claquaient pas la bise..
Enfin, hier soir j'ai vu l'avocat cadien, qui m'a donné le Sesam : les droits des profs (qu'ils soient américains ou étrangers, c'est pareil), et le formulaire du school board à remplir en cas de discrimination et harcèlement. Et apparemment, ici en Louisiane, ça rigole pas du tout, avec les attaques anti-cadiens, le racisme des noirs contre les blancs. Alors, pas de bol pour ma boss black : car s'attaquer à une étrangère blanche francophone, embauchée par le CODOFIL, et au service de la culture cadienne, et de sa langue... C'est pas du tout le bon plan pour elle, surtout qu'elle ne connaît strictement rien à l'Acadiana, arrivant de l'Arkansas. Et qu'elle perd cette année : 3 classes sur 10 de français. Et pour courronner le tout, hier, la grande réunion sensée rebooster l'équipe francophone dans l'école, a fait plouf.... Il manquait tous les fossiles (sauf une). Encore une preuve évidente que cette école coule, et fermera d'ici peu...
En partant, et quittant l'office d'un pas guilleret, j'ai fait mon plus beau et plus large sourire à ma collègue US, et pensé aussi intérieurement "J'aimerais pas être dans sa peau de collabo, ni dans celle de la louve...."
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