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29 mars 2015

Zackary Richard en spectacle pour les cadiens

Je me suis rendue à un spectacle commémorant l'histoire des Cadiens...   voulais y aller pour me cultiver... ne pensant même pas pouvoir obtenir une place, tant les réservations, hors pub, étaient blindées depuis deux mois... Mais, l'esprit léger, j'ai tenté ma chance sans trop y croire, juste par jeu.... Une heure avant l'ouverture, je me suis avancée vers la jeune fille au guichet :  " Il ne vous resterait pas une seule place par hasard, pour ce soir?"

Elle cherche sur son écran, sans trop y croire, elle non plus, et lève son visage vers moi, rayonnante : "Oh c'est dingue! Si! Une seule! C'est pour vous!" Yes!!!!

Et là, je découvre pour la première fois Zackary Richard, et ses musiciens, un conteur, des images et des vidéos, des textes.... et des chansons... ouah la claque.....

ci-joints :  sa biographie, et ce que je lui ai écrit....

 

Zachary Richard subit très tôt les influences de deux cultures. D’abord il y a la culture populaire américaine : la télévision, la radio et l’école. Puis, il y a la culture acadienne de sa famille. Ses grands-parents étaient de la dernière génération unilingue francophone de la Louisiane.

 

Zachary Richard et le Bayou des mystères à Paris en 1976.

Diplômé de l'Université Tulane de La Nouvelle-Orléans en histoire, summa cum laude en 1972, Zachary Richard part s’installer à New York pour y poursuivre une carrière de « singer-songwriter ». Au début des années 1970, il est le premier à intégrer la musique traditionnelle cadienne dans un format contemporain, mélangeant la musique de ses grands-parents à celle de sa génération. À l’époque, il n’y a pas encore de public en Louisiane pour ce nouveau genre, et il se voit obligé de poursuivre sa carrière au Québec et en France. En 1976, il s’installe à Montréal où il réalise sept albums dont deux disques certifiés « or ».

En 1986, Zachary Richard retourne à sa Louisiane natale et poursuit une carrière de langue anglaise. Quatre albums de langue anglaise et maintes tournées lui obtiennent un public international.

Zachary Richard chante Réveille au premier Congrès mondial acadien à Shédiac en 1994, une prestation considérée comme l'un des moments marquants de la chanson francophone en Amérique du Nord1. Après un voyage en Acadie en 1995, il compose de nouveau en français. Cette collection de chansons devient Cap Enragé, l’album le plus achevé de sa carrière.

Zachary Richard est un francophone militant. Il est membre fondateur d’Action Cadienne, organisme voué à la protection et la promotion de la culture cadienne et de la langue française de Louisiane. Il participe comme producteur, narrateur et compositeur au documentaire télévisé Against the Tide, l’histoire du peuple Cadien de la Louisiane. Ce documentaire reçoit le prix du meilleur documentaire historique décerné par la National Educational Television Association (NETA) en l’an 2000. La version française, Contre vents, contre marées, reçoit le prix Historia décerné par l’Institut d’histoire de l’Amérique française en 2003.

En plus de mener sa carrière d’auteur-compositeur-chanteur, Zachary Richard travaille à plusieurs reprises à des projets de film. En 2003, il est narrateur et compositeur de la musique de Migrations, l’histoire de la migration aviaire en Amérique du Nord. Ce film reçoit le Lirou d’Or (premier prix) du Festival international d’ornithologie de Menigoute (France) en 2007. Il est aussi narrateur et compositeur pour les 24 épisodes de Cœurs Batailleurs, série qui traite de l'identité acadienne à travers la diaspora. En 2007, il est narrateur et directeur musical de Kouchibouguac, l’histoire de Jackie Vautour et des expropriés, qui traite des évènements qui ont bouleversé l’Acadie autour la création du parc national canadien de Kouchibouguac.

En mars 1997, Zachary Richard est décoré officier de l'ordre des Arts et des Lettres de la République française. En cette même année, il est admis à l'ordre des francophones d'Amérique. En 2000, il reçoit le Méritas acadien, décerné par l’Association acadienne du Québec. Zachary Richard reçoit le Félix décerné par l’ADISQ (Association du disque de Québec) dans la catégorie de l'artiste francophone s'étant le plus illustré au Québec, cinq fois, en 1997, 1998, 1999, 2001 et 2007. Il est décoré chevalier de l’ordre de la Pléiade en 2007.

En 1980, Zachary Richard publie son premier recueil de poésie française, Voyage de Nuit, chez Louise Courteau (Montréal). En août 1997, il publie Faire récolte aux Editions Perce-Neige (Moncton). Ce recueil reçoit le prix littéraire Champlain en 1998, décerné par le Conseil de la vie française en Amérique. En 2001, il publie son troisième recueil Feu, aux Éditions Les Intouchables (Montréal), qui reçoit le Prix Roland Gasparic à Bucarest en Roumanie. Un conte, Conte Cajun, l'histoire de Télésphore et 'tit Edvard est publié aux Intouchables en 2000. Une suite, Télésphore et 'Tit Edvard dans le Grand Nord est publiée en 2007.

Après les ouragans qui ont durement frappé la Louisiane en 2005, Zachary Richard se consacre aux collectes de fond pour venir en aide aux victimes du sinistre. Avec Francis Cabrel, il crée la fondation SOS Musiciens et gère les activités de la fondation Solidarité Acadie-Louisiane.

En 2005, Zachary Richard est diplômé docteur honoris causa en musique, par l’Université de Moncton. En décembre 2008, le même titre lui est remis par l'Université de Louisiane à Lafayette, et en 2009, par l'Université Sainte-Anne, Nouvelle-Écosse.

En 2009, Zachary Richard est nommé membre de l'ordre du Canada, pour ses "contributions d'auteur et de compositeur et sa défense de la langue française en Amérique du Nord ainsi que l'identité cadienne et acadienne".

En plus de son engagement envers la culture française en Amérique, Zachary Richard est un écologiste militant qui se consacre à la défense de l’environnement naturel. Il habite avec son épouse de trente ans dans le sud de la Louisiane.

Il est victime d'un accident vasculaire cérébral le 17 octobre 2010, s'en sortant toutefois sans séquelles graves aux premières nouvelles, mais doit annuler ses activités jusqu'à la fin de l'année2.

 

 

 

Cher  Zachary,                                                          

 

A la « Première » de ton spectacle, jeudi, tu as posé très tôt une grande question « Mais pourquoi donc, je fais ça ? »

Moi j’ai une réponse pour toi.

Certes, elle ne concerne qu’une petite personne parmi tout un public fidèle et conquis. Mais l’artiste que tu es, sait bien qu’on peut ne toucher parfois qu’un seul être, et c’est ce qui compte. La graine est plantée à jamais.

Je m’appelle Angélique LEGER, un nom bien cadien pour une française recrutée par le CODOFIL, il y a deux ans, pour enseigner ta langue et la mienne, aux petits américains de l’Ecole Publique.

J’étais venue pour sortir de ma routine, pour la musique et pour parfaire mon anglais…. Je reviendrai pour ce peuple extraordinaire que j’ai découvert dans le Sud de la Louisiane. Et j’ai grâce à lui, compris la chance d’avoir pour langue maternelle : la plus belle qui soit : la langue française.

En t’écoutant, non seulement tu m’as émue, tu m’as fait rire, tu m’as transportée mais tu as réalisé quelque chose de bien plus noble encore. Quelque chose qui ne nous arrive vraiment pas tous les jours : tu m’as reconnectée.

Grâce à ton message, j’ai compris pourquoi j’étais ici, ce que j’avais à y faire. J’ai vu soudain l’essentiel de ma mission : contribuer à activer votre mémoire, faire vivre l’héritage, être le lien entre vos racines, et votre vie actuelle. La langue : c’est notre identité. Et je suis fière de la partager avec vous, fière d’apprendre aux enfants qu’on peut penser différemment et parler autrement, et penser deux fois !

Je suis venue avec ma famille : mon mari et mes deux fils, qui ont préféré rentrer avant moi par nécessité (études, travail, maison en France). Et d’un commun accord, on a décidé que je finirais seule mon contrat Codofil, il restait encore 8 mois.

C’est là que mes yeux se sont ouverts. J’ai sciemment délaissé la tribu « franco-française » de mes collègues pour être au cœur de cette région et rencontrer les cadiens, tellement différents des autres américains. J’ai entendu une langue fleurie, tellement plus belle et poétique, plus imagée et humoristique que la mienne. Une langue qui ressemble à celle de mes grands-parents, petits paysans de la campagne française. Avec vous, je me suis retrouvée comme dans mon enfance. J’ai découvert surtout un accueil chaleureux, une joie de vivre, un humour sans pareil. Je pensais en allant aux tables de français que je pourrais aider, et ce sont eux qui m’ont aidée, épaulée, soutenue! Puis j’ai découvert la danse, et les jams. J’ai adoré. J’ai surtout rencontré un peuple unique, vrai, sain, qui vous adopte immédiatement, sans faux-semblant. C’est d’ailleurs hallucinant. Comment avez-vous réussi cette prouesse ici ? Au boulot, je subis le « chacun pour soi », l’hypocrisie et les coups bas, et dès que je retrouve mes amis cadiens, je revis. Heureusement que mes petits élèves et vous autres, êtes là. Mes rayons de soleil.

Alors pour répondre à ta question, je suis exactement à la charnière de tout : deux mondes, deux générations, deux continents. J’ai 44 ans, et deux fils ados de 21 et 14 ans. Les gens de ma génération m’ont toujours semblé ou futiles ou ennuyeux. Et j’évolue ici à la charnière de deux univers : les cadiens et les profs comme moi, venus enseigner le français, mais ayant trop souvent oublié cette dimension essentielle du sauvetage de votre culture, de la réappropriation de votre langue maternelle. Cesser enfin d’avoir honte, parce qu’on parle français.

Je suis admirative. Vous avez tant souffert, et n’êtes jamais morts, n’avez jamais été assimilés complètement. Au contraire, vous êtes devenus encore plus forts, encore plus joyeux, encore plus accueillants. Je suis vraiment heureuse d’officier à Lafayette plutôt qu’à la Nouvelle Orléans (où tous mes collègues rêvent d’enseigner). Non, ici c'est resté à taille humaine, on est resté connecté à la nature, les pieds sur terre. Ici on n’a rien oublié, on est resté simple. Et la musique est avant tout gratuite, une joie, un partage dénué d’arrière-pensée. J’habite chez une cadienne qui m’a ouvert son cœur et sa maison. Femme extraordinaire, une sœur, une mère, une amie que j’ai l’impression de connaître depuis toujours. Comme elle dit « ça clique » entre nous. On rit beaucoup, parlons tant, et elle me soutient moralement quand je souffre du harcèlement de ma Principale malveillante.

Bref, j’avais tellement envie de faire quelque chose pour tous ces cajuns que j’aime et qui me rappellent les huguenots de France : minorité harcelée, humiliée sinon assassinée, contrainte de se cacher pour vivre libre, dans le Sud de la France, où je me suis installée en famille il y a 15 ans. Ces gens ont vécu comme vous dans le bayou, oubliés, reclus, et leur dicton est vrai aussi pour vous : « Plus tu tapes sur ma tête, et plus tu uses ton marteau ! ». J’aime profondément ces peuples rebelles, fiers et pacifistes, qui ont la mémoire vive et l’intelligence de rester eux-mêmes : incorruptibles, justes, purs.
Et comme toi, je me suis posée une grande question : « Qu’est ce que je pourrais faire pour eux ? »

Alors j’ai trouvé un cadeau que je pouvais leur faire. Qu’ils pourraient accepter sans se gêner, ni se sentir achetés. Un cadeau bien simple en fait…pour une maîtresse d’école française : je leur apprends à lire leur langue maternelle. Mais là encore, vous êtes trop forts, car vous m’avez donné en échange un bien plus beau cadeau encore : inestimable souvenir à vie : les étoiles dans les yeux et le visage de très grands enfants qui s’illumine en s’exclamant : « Ca y est, je sais lire ! Je peux lire ! »

Merci à toi et à tous mes cousins d’Amérique pour cette tranche de vie extraordinaire que j’emporte avec moi en juin, en France. Je rentre chez moi, le cœur débordant de souvenirs heureux. Mais je sais que je reviendrai un jour, pour vous retrouver chez vous, juste profiter de votre présence, pendant des vacances…

Sache enfin, que grâce au Codofil, et ces échanges de profs, deux choses ont changé :

D’abord on parle cajun en France désormais : mes parents me disent souvent « Lache pas la patate » et si tous tes pairs ont été humiliés autrefois à l’école US, pour avoir parlé français,…Eh bien, tous les petits élèves américains d’aujourd’hui, en Immersion Française, et tous les petits français venus dans vos écoles régulières (suivant leurs parents profs), tous : sont les meilleurs élèves, réussissent mieux que les élèves en classe normale ! Et toc ! Parler français, fut une tare ? Aujourd’hui c’est bien plus qu’un atout. Avec mon français, ma guitare et mes chansons, j’ai rencontré bien plus d’amis que je n’aurais pu l’imaginer toute ma vie ! Tu es entier : conteur, chanteur, passeur, artiste accompli. Tu es celui qui m’a éclairée et reconnectée avec moi-même. Alors merci, merci, merci Zachary, pour tout ce que tu donnes et qui tu es.

                                                                                            Angélique, une petite française infiniment reconnaissante.

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Commentaires
C
Félicitations pour cette belle page de philosophie §<br /> <br /> Quelle belle leçon de vie!<br /> <br /> Pourvu que Zacchary Richard reçoive cette belle lettre écrite par une Française qui sait manier notre langue avec tant de talent et de coeur
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