Dernière ligne droite
Pfff…, plus je me rapproche de la fin, plus le temps s’accélère et s’étire à la fois. Je ne touche plus terre. Tant à faire. Régler tout sans rien oublier. Et en même temps, c’est la plus belle saison, c’est l’été ici, c’est le temps des festivals, le temps où l’on peut enfin être dehors. La chaleur est encore supportable et les moustiques timides. Mais non, t’es crevée, (et encore je m’en sors mieux que certains) parce que ta chère collègue US, n’assure pas son boulot, se barre tous les jours pour un oui ou pour un non, et toi tu dois la fermer et garder les mômes à sa place, et faire journée-continue. C’est parfaitement injuste. Alors on se débrouille, comme on peut, j’ai réussi à me tirer (j’avais posé une demi-journée, pour avoir senti le coup venir). Et évidemment, on m’a interdit de partir, m’obligeant à suppléer l’autre fumiste (à qui on ne reproche rien du tout, bien sûr). Mais j’ai trouvé une bonne âme (américaine! Adorable, oui y en a…) qui a bien voulu surveiller mes élèves avec les siens, et je me suis tirée. La boss était verte, et gueulait dans le microphone. Lui ai pas laissé finir son laïus (« En effet les élèves qui devraient être en anglais, ne sont pas seuls, et je m’en vais, au revoir madame! »). Une autre fois, en catimini, (par ce qu’on on nous reprochera tôt ou tard, évidemment d’opérer officieusement), ma collègue de 2ème grade a pris une heure de pause pendant que je prenais ses élèves avec les miens, et réciproquement, parce que notre prof US commune, était encore et toujours absente. J’ai pu m’effondrer et dormir 30 minutes dans ma bagnole. C’est toujours ça de pris. Mais les mômes, eux, enchaînent la journée, toute l’année, comme les ricaines aussi, d’ailleurs. Impossible de bosser dans ces conditions. Il est évident qu’elles n’en foutent pas une de la journée, n’en foutent pas une le soir ni le WE. Tu ne peux pas tenir sans cela. Et les mômes sont rincés. Bon, j’arrive encore à les motiver pour le spectacle de théâtre de fin d’année. Mais y a que là, où c’est encore tenable… Et pendant trois jours, ils vont être cloîtrés pour les tests, pires que le bac. Vivement que tout ce binz finisse.
Je vous laisse quand même quelques souvenirs volés, quelques beaux moments partagés à la sauvette pendant ces quelques semaines de course effrénée…
En visite chez le petit Nickolas... (qui ne peut plus voir une valise noire, sans dire "Guitare, guitare!") et assis entre sa mère adoptive et moi.
Champ de riz et d'écrevisses...
Pas étonnant en fait qu’on mange et danse, ici, y a vraiment rien d’autre à faire. Un mec sans doute très affuté eut l’idée, il y a une quarantaine d’années, d’élever des écrevisses dans son champ de riz… Et depuis, on en mange !!!! Un dollar la livre… Et je suis allée, invitée, (et libérée de ma prison) un mardi, dans une vraie réunion de famille cajun à Welsch, dans les plantations de riz et les prés aux vaches… J’étais pas « ti bonne heure » mais ils n'ont pas été regardants… et c’était vraiment délicieux et bien sympa…
Et puis on a appris à danser cajun aux élèves et profs du collège français de St Domingue, en voyage scolaire en Louisiane. Soirée vraiment chouette. Les dominicains aussi ont le sens du rythme de la fête, et tout le monde dansait et rigolait sans se prendre la tête. Les musiciens du jeudi soir, qui d’habitude jouent devant un parquet désert n’en revenaient pas. On a mis le feu !
La prof organistrice du voyage dansant, et complétement choquée par les méthodes scolaires US.... Elle et ses collègues ne veulent jamais bosser ici... et je les comprends.
Crowley, bien mignone bourgade, ses belles maisons et son superbe théâtre à l'italienne : "l'Opera House". La ville devint riche avec le rail puis avec le pétrole...
Et mes potes de scène Lian et Sarrah, absolument irrésistibles, en vamp’ comme en jeunettes en quête de beaux mecs… Un humour décapant… pour un spectacle qu’elles ont co-écrit « Cajun face » Assumant leur corps à fond, je les ai trouvées belles à se damner tant elles s’assument et se marrent. Excellentes actrices et merveilleuses auteurs.... Et c'est pas parce que je les aime bien. C'est juste qu'elles assurent.