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louisianecheznousautres
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5 septembre 2015

untill to the end of the novel.... Now let me know your comment....

Elle se reprochait toujours « Je devrais éteindre la flamme, et je la rallume sans cesse. Je devrais lui foutre la paix, me contenir et m’assagir et ne plus alimenter mon désir, me détourner de cette pente, mais je n’y arrive pas. Pas encore, pas maintenant. Et il dit être heureux de m’entendre ou de me lire…. Je suis en plein courant, et je descends toujours plus profondément, et je m’enflamme, me sentant chaque jour un peu plus femme, et je l’emporte avec moi, le ranime, le réveille, l’aime et le lui prouve et le lui dis et témoigne par des déclarations d’amour plus brûlantes. Ensorceleuse ensorcelée… »

Elle crevait de désir pour cet homme qu’elle aimait mais résistait toujours à la tentation, par respect pour les deux. Respect du mari et refus d’adultère, et respect pour l’amant qui avait la foi et résistait obstinément à la tentation, refusant de cocufier le mari… Un amant qui n’était pas amant, et un mari qui n’était pas trompé….A y perdre son latin. Puisqu’elle aimait pourtant les deux…

De retour chez elle, l’atterrissage fut violent.

De retour dans sa France si laïque, et si cartésienne, elle dit d’abord : "Non"

à son mari, "tu n’as pas aimé la Louisiane, tu n’irais pas voir ce genre de film, tu ne lirais jamais ce type de romans, tu n’écouterais pour rien au monde cet album-là. Alors pourquoi te laisser lire mon travail, tu n’as jamais lu le blog de notre vie là-bas. Et ta critique sera d’autant plus cruelle que j’en suis l’auteur et que tu n’apprécies pas ce genre d’écriture, ni ce genre d’histoire. Je n’ai pas envie d’être assassinée. Merci bien. Epargne-toi une perte de temps, épargne-moi la guerre des tranchées. "

 « Tu parles trop ! » lui dit son mari. Elle avait un peu parlé, mais n’avait rien dit. Elle avait tant retenu de mots, elle s’était tue. Elle avait fait attention à ne pas choquer, à ne pas froisser, à ne pas parler de sa foi, pour ne pas faire peur ou être incomprise. Elle avait donc parlé ? Si peu par rapport à ce qu’elle était. Elle avait tant changé. Il n’avait rien vu. Ingrat qui ne comprend rien. Resté distant, froid ou cynique. Lui ne changeait pas. Elle était bouleversée, si aimante. Si tendre. Ne lui reprochait plus jamais de se répéter. Il voulait lui montrer tant de choses futiles sur ce qu’il avait fait, avec détails quand elle voulait seulement se taire, se balader, goûter le soir avec lui. Elle ne l’avait pas coupé d’un « Tu parles trop ! ». Elle l’aimait tel qu’il était. Ne pas spleener sur son passé là-bas, en Louisiane. Elle y avait donné un sens à sa vie. Elle y était aimée et reconnue, elle y avait été accueillie. Ne pas regretter. Continuer. Ecrire pour donner du sens encore à sa vie. Si l’école ne lui rendait pas ce qu’elle lui donnait, si l’école la rejetait ou la rendait malheureuse, alors elle la quitterait. Elle n’était qu’une étape dans sa vie, pas une fin. Si son couple était bancal, alors elle ferait de même, continuer. Sans se retourner. Mais continuer.

Mais à des copains un peu trop grivois, et jouant de sous-entendus, elle avait fini par dire : « Oui, en effet mon mari me siffle de loin pour m’appeler. Mais je peux bien lui laisser ce petit plaisir de simulacre machiste, il m’a fait confiance, seule, huit mois très loin de lui, et il fait merveilleusement bien la cuisine et l’amour. Et dans un lumineux sourire : « Je suis doublement très bien nourrie…Merci ! »

Et elle avait ce sentiment double, paradoxal et ambivalent, d’aimer deux hommes à la fois… et de leur être fidèle à chacun… Parce qu’elle n’avait pas trompé son époux, l’avait respecté dans sa chair, et en même temps se connectait avec celui qu’elle avait dû quitter, sans avoir rien commis, mais en gardant le lien, en décidant de ne plus boire une seule goutte d’alcool à l’égal de son amant par le cœur et l’âme. Etre comme lui. Et elle souffrait de voir son mari enchaîner les bières…Et elle se disait : « J’aime tellement la vie. Dans la Vallée de la Mort, j’ai trouvé l’Amour fou de la vie. J’y ai compris combien il faut s’attacher au plus important. Le matériel : on oublie. Epitaphe : soyez heureux, aimez, oubliez les miasmes, ne leur donnez aucune importance et valorisez le beau, le bon, le meilleur de chaque seconde vécue. Juste aimer. Rien d’autre n’est valable. Et profiter. Carpe Diem. »

Proche et lointain

Loin de lui, elle était habitée par lui. Il était dans ses pensées, dans son cœur, et dans sa chair. Elle ne pouvait faire une action sans la relier à lui. Voir une jolie robe et penser danser, habillée ainsi, avec lui. Elle faisait l’amour à son mari comme jamais. Avec envie, avec passion ; goulument et tendrement, en prenant tout son temps. Elle dégustait chaque instant. C’est en cela qu’elle était le plus transformée. Elle ne dévorait plus seulement, elle ne croquait plus la vie à pleines dents, avec force volonté, non, elle jouissait, savourait dégustait tout avec plaisir, patience, et une infinie tendresse. Elle vivait plus intensément, moins en force et plus subtilement. Elle vibrait, elle aimait, portée, élevée, grandie et à la fois, douce et généreuse. Elle ne cherchait plus à tout contrôler, à plaire ou à s’imposer. Non, elle goûtait son plaisir, savait attendre, calme, posée et sereine. Elle était simplement, pleinement heureuse. Elle était comblée. N’avait besoin de rien. N’avait plus peur des lendemains, ni mal. Rien à envier, rien à regretter. On aurait dit qu’elle était mûre. Mais pour quoi ? Seules la trahissaient parfois des larmes qui coulaient pour un rien : une simple déception, ou une émotion se muant en grand bonheur. Elle était devenue si sensible… Comme femme enceinte. Comme fécondée par le bayou. Comme si cet ultime rite initiatique de danse et de chant au crépuscule des marais de Louisiane avait été fertile en elle. La vie était en elle, comme si elle avait fait l’amour ce dernier soir. Elle était habitée, elle emportait du bonheur avec elle, elle portait l’enfant de ce bayou, chez elle… Mais quel enfant ?

De cette première chanson écrite dans la nuit et offerte au matin à Jean, à la dernière ligne de leur histoire, elle ne cessa plus d’écrire pendant des années, portée par ces deux dernières semaines folles. Elle ne pouvait s’y soustraire. Sombrant avec délice en cet abime. Ecrire comme une fuite, écrire comme un baume pour cicatriser, écrire comme catharsis, écrire pour ne jamais oublier ce qu’ils avaient vécu. Sans rien n’y comprendre. Mais écrire comme instinct de survie. Transformer leurs larmes, transcender leurs danses, transporter leur connexion ailleurs, en mots, en phrases, dans la langue qui les avait unis, avant de les faire danser et enfin se parler. Le français et la musique, les avaient rapprochés, leur livre allait en témoigner de France à l’Acadiana.

Et dans l’éloignement, leurs mots prirent le relais de leurs danses, ils s’écrivirent tant et tant, tant et plus. Ils avaient encore tant à se dire… Amour fou qui n’en finissait pas de se dire, s’écrire et se lire.

Jamais ils n’avaient ressenti un amour aussi fort. Aussi fou de toute leur vie. Ils pouvaient bien, l’un comme l’autre tenter de se convaincre. Ils étaient trop éloignés, dans deux mondes distincts, séparés par un océan, impossible de vivre ensemble, ni de construire une vie commune. Ils pouvaient bien se raconter le plus sage des discours. Mais ça ne prenait pas. Ce ne semblait vraiment pas être le plan prévu par leur Dieu. Ca ne semblait pas être ce qu’ils avaient à faire… Mais que faire alors ? Vivre comme une sorte de deuil, de ne plus être avec l’être aimé, mais savoir qu’il est bien vivant de l’autre côté… On ne se voyait plus, mais on était toujours connecté en pensées et dans l’amour de l’un pour l’autre. Et chacun vivait chaque instant de sa vie, en partage avec l’autre. Dans sa foi. En recherche d’un signe, d’un mot de l’autre. D’un souvenir ou d’une émotion liée à l’autre. Vie étrange et copartagée, sans jamais se voir ni se toucher.

Elle avait toujours pensé qu’un tel amour n’existait que dans les romans ou les films, les mythes et les légendes. Qu’il n’était qu’un idéal à atteindre, inventé par les artistes pour faire rêver tout un chacun.

Et elle réalisait que ce n’était pas imaginaire. Mais bien réel. Que l’humain, pouvait aimer d’un tel amour divin, sur terre. Et ils ne s’inquiétaient plus de rien. Tout pouvait leur arriver. Ils s’en foutaient. Car ils savaient désormais tous deux, qu’ils avaient aimé, de toute leur âme, leur cœur et leur esprit, qu’ils avaient pu se hisser et se changer l’un par et pour l’autre. Amour courtois et platonique, amour d’un autre temps, mais divinement délicieux. Lien indéfectible de deux anges envoyés l’un pour l’autre. Dans un pur et angélique amour, les enveloppant entièrement.

 

Quelle fin pensez-vous qu’ils écrivirent ensemble?

 

Elle revint le voir, se jetant dans ses bras, lui parler à l’oreille, et le serrer si fort, comme un frère bien aimé, enfin retrouvé. Elle lui offrit leur livre. Elle lui chanta leurs chansons. Ils ne rompirent jamais le contact, se retrouvaient chaque année, chez l’un ou chez l’autre. Restèrent amis longtemps. Ils vécurent heureux. Se marièrent très vieux. Mais ne regrettèrent jamais d’avoir attendu leur liberté de s’aimer entièrement, ni d’avoir résisté. Avoir fait grandir un tel amour… au lieu de l’avoir sali à la sauvette. Ils moururent ensemble, libres, un soir d’ouragan, enlacés et dansant, sans se lâcher. Heureux. Centenaires. Au sud de la Louisiane. Leur Dieu l’avait voulu ainsi.

Ils sont partis un jour de grosse pluie. A capella.

 

 

♫ We’re singing and dancing in the rain…♫

 

 

THE END

 

 

FIN

 

 

 

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