Retrouver Gérard, au village de Maurice, pour parler français, c'est L'Amérique, ça?

Quand vous devez aller au DMV (sorte de préfecture, auto-école…)  : vous y restez souvent quelques heures, et vous voyez toute l’Amérique : la bourgeoise maquillée, talons hauts et prothèses ongulaires qui accompagne son ado de fils de 16 ans étrennant son permis, le paysan, la mama, bref tout le gratin et le reste aussi. Quand tout à coup, un grand et gros mexicain moustachu, assis à côté de moi, s’illumine, en voyant un vieux pépé, et lui parle tout de go en français. Je ne laisse pas passer si belle occasion. Je parle avec eux. Et c’est comme ça, que deux jours plus tard, Claude et moi, nous levons aux aurores, pour….

Revoir Gérard, à Maurice, et y parler Cadien avec les anciens, dans un vieux bouiboui poussièreux, (avec fauteuils dépareillés et chaises en plastique), dans une sorte de remise à l’arrière d’une vieille boutique-garage-ferrailleur, qui me rappelle « Chez le petit prince » au hameau de Ezbos-Brest, en Haute-Saône, dans les années 70.

Chaque matin, ici, à 7 h précises, les vieux copains boivent le café et s’astreignent à parler en vieux français (je précise et les cite : "Pas le français de Paris de chez vous autres, hein?")

Un repère de vieux chasseurs, et pêcheurs, avec beaucoup d’humour, habillés crado, mais tellement marrants… autour d’un guéridon improvisé, avec café à volonté et petits gâteaux. Bon Ok les gâteaux : c’est des donuts et du fudge-chocolat au beurre de cacahuète, on fait mieux question diététique, mais c’est pas grave.

Et là, je vous jure que c’est épique. On ne se connaît pas, mais en deux minutes, c’est comme si on était vieux potes de longue date, car ils ont un humour décapant ces cadiens. Ils sont vrais, "nature". L’un se fait tout le temps charrier et appeler « Pot de fleurs » par les autres, parce qu’il a végété 20 ans au conseil municipal de Maurice… L’autre me dit : « T’as vu ma gueule? Ma femme me répète depuis 50 ans, que ce gros mexicain-là, qui s’appelle Gérard : c’est mon fils, tu y crois toi ? », et il part d’un grand rire.

Extraordinaires rencontres, et tout ça :  grâce à Claude, qui (soit-dit en passant) est le seul conducteur que je connaisse, ayant réussi et obtenu son permis US (fameux ID, faisant office de pièce d’identité ici) sans encore avoir passé la conduite… trop fort !

Et cerise sur le gâteau, enfin pamplemousse sur le donut : Gérard nous a invités au printemps prochain, à pêcher les écrevisses sur son bateau ! J’adore !